Bulletin Femme au Fone Edition 2018
Sud Kivu: Des initiatives pour le relèvement des femmes
05-05-2018 09:38:12
Des initiatives positives fusent par-ci par-là pour promouvoir le relèvement des femmes sur le plan économique. Des groupements féminins voient de plus en plus les jours sous l'initiative de certaines organisations nationales et internationales.
On dénote également une sensibilisation orientée vers les hommes pour leur implication dans la lutte contre les violences faites aux femmes ; les hommes sont généralement cités comme auteurs des violences faites aux femmes; leur prise de conscience de ce mal peut les amener au changement positif.
Malgré la résistance des gouvernants à mettre en application l'article 14 de la constitution qui promeut une participation paritaire des hommes et des femmes dans les postes de prise des décisions, des femmes prennent leur courage en mains et intègrent progressivement la gouvernance à son niveau le plus bas dans leurs entités respectives.
Dans cette édition, vous lirez les articles suivants :
Ø Mwenga : les femmes des exploitants miniers se constituent en groupe d'entraide pour combattre la pauvreté
Ø Bukavu, les femmes se regroupent pour renforcer leur économie
Ø Kamanyola, Trente-deux femmes viennent d'intégrer la gouvernance locale aux postes des responsables 10 maisons "Nyumbakumi"
Ø Sud Kivu: une ordonnance présidentielle discriminatoire à l'égard de la femme.
Ø Sud Kivu, des hommes qui se démarquent dans leurs comportements
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La rédaction
Mwenga : les femmes des exploitants miniers se constituent en groupe d'entraide pour combattre la pauvreté
Confrontée à la pauvreté due à l'absence prolongée des hommes à la maison, des femmes de Mwenga adhèrent dans les comités de cultivatrices pour réunir une somme suffisante utile à la création d'un petit commerce. Elles parviennent ainsi à protéger leurs familles.
Mwenga, à l'ouest de Bukavu, en République démocratique du Congo, est une contrée où la femme peine à joindre les deux bouts du mois. C'est une contrée qui regorge beaucoup de minerais d'or. En dépit de la présence de la multinationale Banro qui exploite l'or de manière industrielle. Le revenu familial est composé de la vente des produits agricoles, de la vente des minerais et du petit commerce. Les hommes exploitent les minerais très loin de leurs familles. Les femmes exercent seules les travaux champêtres sans en venir à bout, car les champs sont infertiles. Alors les femmes se replient sur l'extraction de l'huile de palme qui contribue aussi à l'augmentation du revenu. Les femmes restent à la maison avec comme responsabilités, l'éducation, la solarisation, l'alimentation ; ainsi que la santé des enfants.
« Mon mari est parti à la recherche des matières précieuses à Lugushwa il y a deux ans. Il ne pense pas revenir à la maison, depuis tout ce temps, je m'occupe seule de toutes les dépenses au sein de la famille. Je n'ai pas un niveau d'étude pouvant me permettre de trouver un travail. Trois de mes enfants étudient mais très difficilement par manque des frais scolaires. Souvent mon mari nous envoie une petite somme d'argent mais qui ne me permet pas de subvenir à mes besoins et ceux des enfants. Je me limite à payer une partie des frais scolaires à tous mes enfants pour qu'ils étudient car je ne souhaite pas qu'ils soient illettrés comme moi leur mère » raconte madame Riziki Mukobelwa une femme de Mwenga centre.
Des recherches pérennes
Le travail d'exploitation des minerais n'as pas de vacances, mais par contre demande la patience et la permanence des exploitants. Malgré le fait d'être père de famille, certains exploitants arrivent chez eux une fois l'an lors des festivités de noël et bonne année.
Avant de s'engager dans les activités d'exploitation minière, il convient à l'intéressé de savoir si réellement elle peut faire ce travail, explique Safanto Bulongo, coordonnateur de Max impact une organisation non gouvernementale œuvrant dans le domaine minier au sud Kivu. Selon cet acteur de la société civile, « savoir seulement la partie de terre contenant les minerais demande du temps car les exploitants tâtonnent dans ces carrés. Sachant qu'ils vont trouver facilement une grande somme d'argent, ces exploitants s'endettent pour rembourser après la vente des minerais ».
Des femmes qui se débrouillent
Pour faire face à la pauvreté et assurer la survie de la famille, certaines femmes se constituent en comité des femmes cultivatrices. « Nous sommes à 10 femmes dans notre groupe, nous nous entendons avec les propriétaires des champs pour les aider à cultiver. Nous payons en fonction de l'étendu de terre à cultiver et en tenant compte de la convention journalière de 1500FC (0,93$) par personne. L'argent que nous gagnons est partagé équitablement et une partie est versée dans la caisse sociale. Cet argent est utilisé souvent lorsqu'une de nos membres a accouché, ou soit qu'elle est malade ou son enfant et même en cas de deuil. Cette initiative nous aide à survivre car nous sommes délaissées par nos maris qui ne pensent qu'à eux-mêmes», explique Christine Ngalya.
La création des associations villageoises d'épargne et de crédit où ces femmes versent leurs cotisations hebdomadaires de 500FC (0,31$) les aident à subvenir à certains besoins de base. Ces femmes épargnent et après plus ou moins six mois elles peuvent se lancer dans le petit commerce.
Des défis à relever
«Les hommes devraient exercer leurs activités le plus proche possible de leurs familles », recommande un activiste des droits humains à Kamituga. Ses idées sont relayées par Romance Wabiwa, enseignante en chefferie Lwindi. Elle pense qu'une sensibilisation doit être faite à l'endroit des exploitants miniers pourqu'ils prennent leurs responsabilités de participer à la vie économique de leurs familles en programmant des retours à la maison.
Marlaine ZAWADI
Journaliste Femme au Fone
Bukavu, les femmes se regroupent pour renforcer leur économie
« Cela fait trois ans depuis que mon mari est parti me laissant seule avec mes enfants et j'ai supporté toutes les charges. Ce n'était pas facile mais j'ai réussi grâce à l'Association Villageoise d'Epargne et de Crédits AVEC, un groupe qui nous aide à épargner à travers des cotisations et de souscrire pour un crédit. Aujourd'hui j'ai déjà construit une maison, je me débrouille bien économiquement » affirme une bénéficiaire de la commune de Bagira que nous avons interviewé.
Cette approche des Associations villageoises d'épargne et des crédits, AVEC, prend de plus en plus de l'ampleur tant au niveau des territoires mais également dans la ville de Bukavu.
L'accès aux microcrédits un casse-tête pour les femmes
Les inégalités s'observent toujours dans l'accès aux services financiers dans la province du Sud-Kivu. Le taux des hommes ayant accès aux crédits est de 56% alors que celui des femmes reste faible renseigne le professeur à l'Université Catholique de Bukavu Monsieur KANYURHI EDDY et expert en genre et microcrédits dans les banques et institutions des microcrédits.
En majorité, les femmes ne possèdent pas des biens pouvant constituer des gages ou garanties dans l'acquisition d'un crédit. Aussi c'est triste de constater qu'à ce jour nombreuses personnes et maisons de micro finances continuent à se baser sur les énoncés déjà révisés du code de la famille congolais, qui conditionnent l'autorisation maritale pour l'accomplissement de certains actes par la femme, la considérant comme incapable de les accomplir fait observer Madame Yvette Mushigo, secrétaire exécutive de la Synergie des femmes Pour la Paix et la Réconciliation.
Les regroupements économiques des femmes, une solution qui attire
Selon Me Grégoire Mwembo, coordonnateur de l'ADJ, les femmes que nous accompagnons sont organisées dans des groupes de 25 à 30 personnes et font des cotisations pouvant leur permettre d'avoir un crédit à rembourser après un temps donné.
A travers ce regroupement plus de 5000 femmes ont amélioré leur situation financière dans la ville et dans des territoires, grâce aux crédits qu'elles obtiennent et qui les permettent de faire des activités économiques.
Certaines sont aujourd'hui vendeuses des braises, des beignets, de la farine, poissons et autres denrées alimentaires.
Plusieurs femmes ont relevé l'économie de leurs familles, elles ont réussi à scolariser leurs enfants et répondent à d'autres besoins primaires familiaux, fait savoir madame Chance Mpalirwa membre de l'ADJ.
Difficultés des femmes
Les femmes regroupés dans les AVEC connaissent différents problèmes pour la commercialisation de leurs produits.
Elles font faces aux tracasseries policières et douanières et sont également soumises à payer des multiples taxes parfois dépassant leur profit.
A cela s'ajoute la rançon exigée par certains policiers pour celles qui veulent se dérober aux exigences des services affectés à la douane et qui font les transactions transfrontalières.
L'absence des places dans les marchés ou lieux d'écoulement fixes des produits pour celles qui exercent le petit commerce n'est pas en reste.
La dépréciation des francs congolais face au dollar demeure un problème majeur qui impacte sur l'économie des femmes étant donné que le dollar américain apparait dans toutes les transactions.
Madame Yvette Mushigo ajoute en disant que certaines femmes sont butées aux difficultés de garder stable les fonds réunis à cause de l'envie de leurs maris à vouloir recourir à ce capital, parfois même de force, les besoins toujours croissants des familles déstabilisent étant donné que pour la plus part des cas les demandes et besoins de la famille reposent sur la couverture de ce moyen de revenu.
Des solutions pour y remédier
Le professeur KANYURHI EDDY suggère que l'autorité monétaire s'investisse dans la stabilité du taux de change en vue de pallier à certains problèmes que connait la femme au Sud-Kivu.
La présence de deux monnaies sur le marché, à savoir le franc congolais et le dollar étant un avantage, il demande aux femmes de convertir souvent leur monnaie en dollar.
Notre source exhorte aux organisations qui accompagnent les femmes telles qu'Amis de la Justice, Association pour la promotion de l'Entreprenariat Féminin APEF et autres, d'orienter les femmes dans le choix des secteurs rentables et productifs que le petit commerce.
Le professeur invite également les hommes à accompagner leurs femmes dans la gestion de crédits à rembourser.
Par Isabelle Riba
Yvette Mushigo
Kamanyola, Trente-trois femmes viennent d'intégrer la gouvernance locale aux postes des responsables 10 maisons "Nyumbakumi".
Accompagnées par Femme au Fone, trente-deux femmes de Kamanyola en territoire de Walungu viennent d'intégrer la gouvernance locale aux postes des responsables 10 maisons "nyumba kumi". Elles auront chacune le contrôle de 200 à 300 maisons et sont déterminées à contribuer au développement de leur entité.
Décembre 2017, mois de la campagne 16 jours d'activisme contre les VBG, le consortium FAF a accompagné le groupe de femmes du groupement de Kamanyola dans les démarches visant à intégrer les femmes dans la gestion locale de leur entité.
Cette démarche a abouti à une présentation auprès du chef de groupement des femmes candidates au poste de responsable « 10 maisons » communément appelés « Nyumba Kumi».
Une entité coutumière uniquement administrée par des hommes
Le groupement de Kamanyola compte 14 localités qui sont toutes dirigées par les hommes. Etant une entité coutumière, les conceptions sont telles que les femmes ne peuvent pas administrer.
Les femmes à leurs tours ont accepté d'évoluer dans cette discrimination. Mais Avec le temps, elles sont suffisamment informées sur l'importance de leur participation dans la gestion, et leur apport dans la gouvernance locale.
Vue la poussée démographique enregistrée depuis quelques années, il devient quasi difficile pour ce groupe d'hommes estimés à 30, d'avoir les contrôles jusqu'au niveau des cellules.
La nécessité d'avoir des cadres de base supplémentaire, ouvre une opportunité aux femmes d'intégrer ce système. C'est ainsi qu'elles se sont mise ensemble et ont réfléchis sur la stratégie pouvant les amener à devenir cadres de base.
L'engagement et la détermination des femmes
« Nous avons décidé de travailler sachant que nous n'aurons rien à gagner en terme de salaire. Nous voulons seulement contribuer au développement de notre entité. Nous n'avons rien à craindre à ces postes car, nous travaillons toujours avec les habitants afin de voir comment développer notre communauté. Etant des femmes leaders communautaires, nous menons de plaidoyer et médiations au profit de plusieurs personnes. Ce travail n'est pas un plus pour nous, mais une routine». Déclare charlotte NKUBONAGE membre du nouveau comité des cadres de bases de Kamanyola. Ce témoignage est relayé par les autres qui estiment qu'elles vont amener un changement positif dans leur groupement.
« Nous serons une référence dans la gouvernance locale car nous allons apporter notre contribution dans le fonctionnement des différentes entités» affirme Marie claire NDONDO, une autre femme responsable dix maisons.
Néanmoins déclare une autre femme : « Nous voulons bien être promues Nyumba Kumi, mais c'est un travail que nous ne connaissons pas de façon structurée ; nous souhaitons que FAF renforce nos capacités pour nous permettre de bien nous acquitter de cette tâche »
Pour ces femmes, la possibilité de bénéficier d'une formation en bonne gouvernance va les aider à se démarquer des autres par la transparence et la paix sociale.
Le chef de groupement prêt à soutenir l'engagement des femmes
Le chef de groupement de Kamanyola, MATABARO MIGABO François, estime que ces femmes sont en mesure de bien jouer leur rôle de cadres de bases. Etant leaders communautaire, elles vont aider à faire aussi le monitoring des cas d'insécurité.
« Je suis profondément touché par l'idée des femmes qui veulent devenir cadre de base, une proposition qui passe directement car le groupement était dans le besoin. Dans le territoire de Walungu en particulier et toute la province du Sud Kivu en générale, nous serons le premier groupement à avoir plus des femmes cadres de base » Explique-t-il.
Pour MIGABO François, ces femmes ont une grande responsabilité dans le développement de leur entité et promet une franche collaboration et un soutien permanent dans leur travail quotidien.
Marlaine Zawadi
Sud Kivu: une ordonnance présidentielle discriminatoire à l'égard de la femme.
Aucune femme du Sud-Kivu n'a été nommée administrateur titulaire du territoire sur les Huit qui ont été nommés par l'ordonnance présidentielle du 25 Janvier dernier. Et pourtant la RDC a ratifiée la résolution 1325 des nations unies qui met un accent sur la participation des femmes à la gestion du pays à tous les niveaux.
Sur cette liste on trouve quatre femmes dont deux assistantes en charge des questions politiques et administratives et deux autres chargées des aspects économiques, financiers et de développement.
Il s'agit de madame Malenga Sangu Julie et Mme Nafranga Kasherembwa Noela nommées comme chargées des questions politiques et administratives
respectivement à Uvira et Walungu ainsi que madame Zehimana Violette et Mme Bibakale Mwamini Marie Chantal chargées des aspects économiques, financiers et de développement.
Cette nomination viole l'attente de la résolution 1325 du conseil des nations unies qui demande aux états membres de faire participer la femme à la gestion locale de son entité.
Face à cela, les organisations féminines du Sud-Kivu se demandent jusqu'à quand la discrimination à l'égard de l'être féminin étant donné que sa participation est moins prise en compte sur différentes parcelles de pouvoir en province.
C'est le cas du mouvement rien sans les femmes qui voudrait bien savoir sur base de quels critères se font les nominations en RDC et au Sud-Kivu en général pour que les femmes soient écartées à ce point.
Pour Solange LWASHIGA, point focal en province du mouvement rien sans les femmes, c'est une déception par rapport à l'émergence du leadership féminin ; cela prouve que les autorités Congolaises en général et le président de la République ne prennent pas à cœur la considération des femmes lors des nominations à des postes de responsabilité.
Elle ajoute que cette ordonnance va en l'encontre des instruments juridiques internationaux qui tiennent compte des capacités des femmes dans la gestion.
Quatre femmes et aucune d'entre elles n'est titulaire, sur 24 hommes ayant bénéficiés des postes par nomination, cela prouve que le président de la RDC, est moins sensible à la promotion de la femme, ajoute Solange LWASHIGA.
Sur l'étendue du territoire nationale, on ne compte que trente et une femmes sur septante huit hommes.
Notez que le territoire est une entité déconcentrée, et la déconcentration est un processus d'aménagement de l'État unitaire qui consiste à implanter dans des circonscriptions locales administratives des autorités administratives représentant l'État. Ces autorités sont dépourvues de toute autonomie et de la personnalité morale.
Dans l'administration publique congolaise, un administrateur de territoire est le responsable local d'un territoire, il remplit notamment les fonctions d'officier d'état civil et de président de tribunal de territoire.
Isabelle Riba
Femme au Fone
Sud Kivu: le refus de l'autorisation maritale, un frein à l'épanouissement économique de la femme
« J'ai fait une formation en coupe et couture. Je peux également exercer le petit commerce mais mon mari ne m'autorise pas de travailler. Ce qui me rend totalement dépendante de lui », explique une femme de Bukavu.
Une autre dame que nous avons rencontré assise chez elle en train de faire le ménage, explique « je m'appelle Francine je suis graduée en santé publique j'ai fini mes études en 2010. En 2011 je me suis marié. Je ne travaille pas car mon mari refuse. Il me dit que c'est pour me protéger pour lui, il estime que si je travaille les hommes au boulot vont me désirer et là je n'aurai plus sa confiance »
Les inquiétudes de ces femmes, rejoignent celles des personnes qui pensent que la femme doit s'occuper uniquement des tâches ménagères en tant qu'épouse et mère. Certaines autres personnes pensent que les femmes qui travaillent sont moins soumises et ne respectent pas leurs maris.
Cette imagination empêche les femmes à être autonomes car elles doivent dépendre totalement de leurs maris.
Pour le sociologue JACQUES FIKIRI, cette pratique est liée à une tradition de l'ancien temps qui réduit la femme seulement aux travaux ménagers comme par exemple s'occuper de la cuisine, la vaisselle et garder les enfants etc.
Le soutien des hommes, nécessaire pour les femmes!
Lorsqu'une femme a une activité génératrice des revenus, elle participe à l'économie de son ménage en couvrant certains besoins, ce qui renforce les capacités de son ménage à planifier les dépenses.
Certains hommes qui refusent à leurs épouses de travailler freinent l'épanouissement économique et le développement de leurs familles et même de leurs communautés. Lucienne, une femme couturière que nous avons approché explique : « Mon mari me soutient dans tout ce que je fais, il m'encourage et me félicite dans mon atelier il m'amène les clients j'invite les hommes à soutenir leur femme et ceci pour le bien du foyer ».
Les hommes qui soutiennent leurs femmes, ont compris qu'il y a de l'avantage pour les femmes de travailler, non seulement qu'elles concourent aux charges du ménage, mais aussi elles se créent une image positive dans leur environnement social.
"Le progrès et le développement règnent dans un foyer où le mari et la femme travaillent du fait qu'ils se complètent en ce qui concerne les charges de la famille. Le mari n'a pas le droit de refuser à sa femme de travailler mais plutôt elle doit l'orienter et l'aider à trouver de l'emploi " explique Le coordonnateur de l'organisation amis de la justice ADJ en sigle maitre GREGOIRE KASADI.
Il appui ses propos par l'article 476 du code de la famille ; qui stipule que « l'homme et la femme doivent contribuer aux charges du ménage. » la femme a le droit d'exercer le métier de son choix ce qui lui permet de s'ouvrir au monde extérieur.
Mme Yvette Mushigo, secrétaire exécutive de la SPR (synergie des femmes pour la paix et la réconciliation des peuples des grands lacs d'Afrique) indique qu'avec les pesanteurs culturels, la femme dans la plus part des cas est exclue à l'héritage, une des voies pour posséder certains bien comme la terre, principale source des revenus des familles à travers son exploitation. De même si la femme ne travaille pas, là encore elle est privée de cette source des revenus, et donc il devient impossible pour elle de posséder et d'accéder à certains biens.
Maitre Grégoire conclut en invitant les femmes qui n'ont pas d'emploi d'en créer pour qu'elles soient capables de répondre à quelques besoins de leurs familles.
Il propose aux femmes qui n'ont pas assez des moyens, d'adhérer à des associations des micros crédit en vue de bénéficier de moyen pour commencer des petites activités, à créer leur propre emploi car selon lui le travail assure l'indépendance.
Mapendo Linda,
Femme au Fone
Sud Kivu, des hommes qui se démarquent dans leurs comportements
« Il y a des mois, mon mari n'avait aucune considération envers moi, je ne savais pas combien il avait comme salaire, chaque soir, il rentrait ivre, il ne faisait que courir derrière d'autres femmes au moment où moi, avec mon petit commerce des légumes, tomates, piments ; je m'occupais seule de toutes les charges de la maison. Faire étudier les enfants, chercher à manger et autres dépenses quand les enfants sont malades, j'étais la seule à les faire. Mais aujourd'hui après les formations de Living Peace, j'ai retrouvé mon mari, qui désormais me montre son salaire et nous planifions tous ensemble. Il n'hésite pas à m'aider à accomplir certaines tâches, je suis vraiment heureuse» tels sont les propos d'une Femme d'un policier de la commune de Bagira dans la ville de Bukavu, les formations dispensées par Living Peace et dont a bénéficié son mari policier.
Dans le cadre de ses activités qui ont trait à la formation du personnel du secteur de la santé, de la police, de l'armée ; l'organisation sans but lucratif, Living Peace Institute dévouée à l'égalité et la prévention de la violence basée sur le genre, a organisée une série des formations étalées sur 15 semaines, au camp de la police Jules Moké dans la commune de Bagira. Des formations en faveur de certains éléments de la police sur la transformation de leurs attitudes et comportement au niveau individuel, familial, et communautaire ; en apportant une assistance psychosociale à l'homme, en cultivant en lui une masculinité positive à travers les groupes de thérapie pour homme.
Madame Sandra Sakina, formatrice explique: « au départ ils étaient 100 policiers mais au bout de 15 semaines de formations, seuls 85 sont arrivés jusqu'à la fin. Nous visons des hommes qui sont agresseurs et violents. Les 15 semaines correspondent à 15 thèmes. Nous remarquons que pour manifester sa masculinité et offusquer sa vulnérabilité, l'homme use de la violence envers sa femme et ses enfants pour s'auto-défendre. Dans les discussions libres nous débattons sur toutes ces difficultés que connaissent les hommes dans leurs responsabilités. »
La 10ème séance est le partage familial, nous joignons à ce groupe des policiers, leurs femmes pour témoigner de changements qui se sont opérés auprès de leurs maris après les 10 séances. Et lors de la célébration communautaire, nous leurs invitons encore de venir en couple.
Les changements sont visibles, par ce que, lorsque nous les invitons à la première séance, ce sont des hommes insouciants qui se présentent devant nous, certains sont même ivres. Mais après quelques séances, ils reviennent à l'ordre, ils deviennent plus disciplinés ; ils abordent certains sujets avec moins de brutalité, ils sont plus à l'aise et ouverts même pour le 5ème thème qui est celui de la sexualité.
La masculinité positive : « être un homme »
C'est le fait de se comporter de manière supposée propres aux hommes. C'est l'ensemble de caractéristiques de virilité de l'homme.
Dans toutes ces caractéristiques, la plupart dénotent un homme violent.Elles mettent l'homme dans une boite de masculinité à caractères violents. Et pourtant, il y a des caractéristiques qui n'incarnent pas la violence;
Ce sont notamment être: responsable, honnête, attentif, compatissant, prévoyant, travailleur, pacificateur, tendre, protecteur. Ces concepts caractérisent un homme sans violence, un homme positif.
C'est sur ces qualités que Living Peace, bâtie son objectif, qui est celui de reconstruire la société, la famille, la communauté des hommes positifs.
A l'issu de la formation, un policier déclare : "je ne montrais pas mon salaire à ma femme, c'était plus pour prendre la bière et me payer des relations avec d'autres femmes, je ne pouvais pas accepter que mes filles étudient, car je savais que faire étudier une fille ça ne sert à rien par ce que je le fais pour sa belle-famille. Mais après cette formation tous mes enfants étudient, je contribue aussi aux charges du ménage".
Une femme épouse d'un policier à la clôture des formations témoigne: « je suis vendeuse de braises, étant donné que j'ai eu seulement des filles, 5 au total, avec mon mari, il refusait de les faire étudier soi-disant que jusque-là je n'ai pas encore accouché par ce que je n'ai pas des garçons, il était très catégorique, chaque soir quand il arrivait à la maison, c'était le début des mésententes et des bagarres, je ne pouvais plus le supporter. Aujourd'hui, je suis impressionnée par le changement, c'est lui maintenant qui va payer pour les filles à l'école, il est régulièrement à la maison après son boulot, les voisins qui étaient habitués à nous entendre crier se demandent s'il est malade ou en voyage. C'est donc possible de devenir un vrai homme. »
L'implication des hommes dans la lutte contre les violences faites aux femmes
Les hommes sont généralement auteurs des violences faites aux femmes; leur prise de conscience de ce mal peut les amener au changement positif.
La plupart d'hommes ont été, d'une façon ou d'une autre, profondément affectés par la violence au sein du foyer, dans la rue, par la guerre, etc.
Les hommes occupent de bonnes positions dans différents organes de prise des décisions: au sein du ménage, dans la communauté, dans la société, etc.
La lutte pour la promotion de la femme a écarté l'homme; sans l'implication de l'homme dans la lutte il sera difficile de résoudre les problèmes liés aux violences.
La violence n'épargne personne. Les hommes et les femmes sont tous affectés d'une manière ou d'une autre. Et par conséquent, c'est la famille qui est détruite, la communauté aussi. Il est donc important que l'homme et la femme tissent une alliance, un partenariat pour lutter contre la violence sous toutes ses formes.
Selon l'ancien évêque MUNZIHIRWA (Bukavu, RDC) la société est considérée comme un oiseau qui a deux ailes dont l'une est masculine et l'autre féminine. Cet oiseau ne pourra se déplacer que lorsque les deux ailes sont en mouvement. Cela veut dire que pour un développement harmonieux et durable, il est impérieux de prendre en considération l'homme et la femme à la fois car ces derniers sont au centre de toute activité.
Yvette Mushigo