La carence en eau potable inquiète les femmes au Sud-Kivu!

29-07-2014 11:26:44

L'eau est essentielle pour tous les travaux domestiques et pour toute la société, au Sud-Kivu moins de 50% de la population a un accès réel à l'eau potable. Cette carence en eau potable inquiète beaucoup les femmes et les jeunes filles pendant cette saison sèche (1) car ce sont elles qui vont puiser l'eau. «Peut-on vivre sans eau? N'est ce pas qu'on dit que l'eau c'est la vie»! S'exclame une femme d'une trentaine d'années avec deux bidons vides à la main venue pour puiser l'eau à la source de Funu, en commune de Kadutu, à Bukavu.

La rareté de l'eau potable s'observe à Bukavu et dans presque tous les territoires du Sud-Kivu à en croire les SMS qui sont arrivés dans le système de Femme au Fone. Voici quelques exemples:

« Cela fait 2 ans que l'eau ne coule pas de mon robinet, cette situation inquiète beaucoup les femmes de mon quartier et met en danger leur sécurité. J'habite Mulengeza dans le quartier Panzi (Bukavu); dans certains coins du quartier, l'eau arrive souvent mais très tard dans la nuit ».

Un autre SMS en provenance de Kadutu, la commune populaire de Bukavu ajoute: « Nous nous réveillons à 4heures et même à 3heures pour aller puiser l'eau à la source et cela ne nous plaît pas du tout, nous aimerions aussi avoir de l'eau potable au moment qu'il faut»

Les Femmes en insécurité par la pénurie en eau Potable

Dans l'une de ces descentes à Walungu, Femme au Fone a interrogée des femmes sur leur situation sécuritaire. Nzigire M'SHEKEZA est une femme du noyau club d'AFEM elle révèle ceci: « ce qui me touche le plus pour le moment en ce qui concerne ma sécurité, c'est le problème d'eau. Car, lorsque je vois les femmes sortir de la maternité avec des odeurs car il n'y a pas d'eau, ça me fait mal au cœur».

Dans les villages il y a des femmes qui font plus de 5 kilomètres pour aller puiser de l'eau au robinet ou de l'eau de source, parmi elles l'on trouve des femmes enceintes et des enfants qui se sentent obligés de faire ce travail pour que tout soit nettoyer à la maison.

«Ces femmes qui font des longs trajets chaque jour avec des bidons d'eau au dos en étant enceintes courent les risques des avortements et même des complications peuvent surgir lors de l'accouchement», indique l'infirmier Guillaume Mweze, du centre de santé Malkia wa Amani à Bukavu.

Les femmes et les jeunes filles sont exposées à des actes des violences sexuelles ou des barbaries quand elles quittent leurs maisons vers 3heures ou 4heures du matin pour aller chercher un endroit où puiser l'eau. Encore faut-il que cette eau soit potable!

«Ça fait presque deux mois que je n'ai pas l'eau chez moi,je souffre pour trouver de l'eau le matin comme la nuit, ce problème d'eau me touche beaucoup » ajoute madame Nzigire avec tristesse.

Les conséquences de cette carence en eau potable sont nombreuses : certaines femmes et filles sont parfois victimes des viols, d'autres sont victimes des coups et blessures lors de bagarres qui surviennent souvent aux bornes fontaines, des cas de noyades des jeunes enfants sont parfois signalés car certains vont jusqu'au lac Kivu et à la rivière Ruzizi pour puiser de l'eau.

Que dit la Regideso par rapport à cette pénurie d'eau?

La Regideso reconnaît que le problème est réel. Damien Mudekereza, chef technique de la Regideso, signale que cela fait plus de 7 ans que son entreprise est en difficulté d'assurer la desserte en eau potable à Bukavu. Selon lui, «l'usine de Murundu, construite en 1990, était destiné à approvisionner une population de plus ou moins 350 000 habitants et devait était revue dans 20 ans.

Mais avec le boom démographique, la population de Bukavu est estimée à plus d'un million d'habitants, ce qui cause un sérieux problème à la Regideso pour satisfaire ces abonnés, car sa capacité de production n'a pas, jusque-là, changé.

«Des projets sont en cours pour voir dans quelle mesure alimenter la population de Bukavu dans les jours à venir», explique le chef technique de la Regideso.

Des propositions pour une solution à ce problème

Comme la Regideso n'approvisionne pas dans les villages au niveau de territoires, Luc Mulungula, secrétaire du Service National de l'Hydraulique Rural, pense que les habitants devaient d'abord bien entretenir les sources et adductions d'eau mises à leurs dispositions par l'effort des ONG qui œuvrent dans la même thématique.

La Regideso, pour sa part, estime que le gouvernement provincial doit s'intéresser de plus en plus à cette question pour faire pression aux ONG qui ont les fonds pour qu'elles investissent comme il se doit et appuyer ainsi la Regideso dans ses activités.

Selon une étude menée par le CICR (Comité International de la Croix Rouge), il faudrait réunir 28 millions de dollars américains pour mettre fin à cette situation à travers trois actions prioritaires:

- Alimentation du réservoir de Burhalaga et le captage de la source de Mazigiro sur la rivière Nyambasha pour desservir la commune de Kadutu et le quartier Panzi en commune d'Ibanda en eau potable.

- Le pompage dans la rivière Ruzizi vers Elakat pour alimenter le réservoir de Muhungu et enfin

- Le captage de la rivière Mungwe qui alimenterait 70 milles habitants de Bukavu

Eliane POLEPOLE, Journaliste Femme au Fone Sud-Kivu

1 Saison sèche c'est une période caractérisée par la hausse de température à Bukavu, il y a le soleil toute la journée, la poussière se mêle avec les feuilles mortes, elle commence à Bukavu en mai jusqu'à la fin du mois d'aout soit 4mois et les autres mois de l'année c'est la saison de pluie. La saison sèche existe dans les climats tropicaux et est suivie de la saison des pluies