Sud-Kivu : Pour sa sécurité, une « déplacée interne » victime d’accusation de sorcellerie lance un SOS aux autorités compétentes

19-10-2021 13:07:59

La croyance à la sorcellerie devient de plus en plus répandue dans certains territoires de la province du Sud-Kivu dans l’Est de la République démocratique du Congo. Plusieurs femmes sont accusées de sorcellerie et sont victimes du lynchage, torture et autres. Une situation qui conduit aux déplacements internes et indésirés de certaines femmes inculpées par la communauté. D’où la demande de l’une des victimes d’accusation de sorcellerie aux autorités provinciales, de s’impliquer activement pour qu’elle recouvre sa sécurité ainsi que celle des autres femmes victimes de ces accusations.

« Je suis veuve depuis 2018. J’ai onze (11) naissances. Je suis ici chez l’un de mes enfants depuis début août, par peur d’être lynchée et brûlée vive par les gens de mon village. Je suis accusée d’être sorcière par mes 7e et 8e enfants en complicité avec certains voisins et le chef de localité. Ma fille, qui est ma 7e naissance, m’a dit que je suis à la base de sa maladie qui attaque son bras et qu’elle ne peut jamais se marier et faire des enfants parce que j’ai déjà bloqué sa chance. Mon garçon aussi qui a commencé à prendre la boisson fortement alcoolisée m’attaque toujours pour le sort de sa sœur et cherche souvent à me tuer », témoigne cette femme déplacée de son territoire d’origine, Walungu à cause de ces accusations de sorcellerie par ses deux propres enfants en complicité avec certains voisins.

Situation confirmée par le système Femme Au Fone (FAF), qui indique que les alertes qu’il a déjà reçus font état d’au moins une accusation par jour et certains chefs des localités seraient complices et pointés du doit accusateur dans ces accusations de sorcellerie à l’égard des femmes et jeunes filles rurales. FAF regrette le fait que, lorsque ces femmes survivent après ces accusations injustifiées et arrivent à échapper à la mort, elles sont forcées au déplacement interne dans des conditions très difficiles.

C’est le cas de cette femme qui rassure que son déplacement a été précipité car fuyant le lynchage par les membres de sa communauté.

« Ils préparaient déjà mon exécution, heureusement j’ai eu quelqu’un qui m’en a parlé et m’a demandé de m’enfuir avant qu’il ne soit trop tard. C’est comme ça que je suis sortie de chez moi jusqu’ici … J’aimerais retourner chez moi mais j’ai eu le message du chef de localité qui a dit qu’il ne veut plus de moi dans son village pour que je ne les extermine pas », a expliqué cette femme de Walungu.

Pour recouvrer sa liberté et sa sécurité, cette dernière demande aux défenseurs des droits humains « DDH » et des ONGs qui militent pour les droits de l’homme, de s’impliquer en urgence dans cette affaire qui non seulement impacte négativement sa vie mais aussi et surtout celles des autres femmes victimes des accusations de sorcellerie.

Rachel Rugarabura, JRI