Bukavu: Une séance de réflexion sur des stratégies pour la participation de la Femme à la gouvernance locale
21-08-2018 11:56:43
Les cadres de base de Bukavu s'engagent à proposer aux bourgmestres des communes les noms des femmes compétentes pour nomination comme chefs d'avenues ou chefs de cellules. Ils l'ont exprimés le mercredi 8 août 2018 dernier, à l'issu d'une conférence organisée par l'Association des Femmes des Médias AFEM dans le cadre du projet Femme au Fone FAF.
Cette conférence s'est tenue autour du thème " Stratégies à mettre en place pour une participation effective des femmes à la gouvernance locale à Bukavu". Elle avait comme objectifs de contribuer à l'amélioration de l'intégration des femmes dans le processus de prise de décision au niveau local et sensibiliser les cadres de base sur la prise en compte des problèmes sécuritaires des femmes et leur intégration dans les rencontres de sécurité au niveau local.
«Nous savons qu'avoir un nombre élevé des femmes à la gestion dans des quartiers et des cellules c'est un processus. C'est pour cela que cette conférence se veut un espace de partage des défis et des difficultés que rencontrent les cadres de base pour donner la place aux femmes . Nous informons aussi sur ce que dit la loi en RDC sur la représentation paritaire homme femme» raconte Douce Namwezi coordinatrice de AFEM.
La participation de la Femme est un droit
Dans son exposé sur les instruments juridiques nationaux de promotion des droits des femmes, Maitre Papy Kajabika responsable de l'organisation Vision sociale a rappelé que les articles 11, 12, 13 et 14 de la constitution de la RDC soulignent que tous les congolais sont égaux devant la loi et l'article 14 renforce la parité entre l'homme et la femme et lui reconnait le droit de participer pleinement comme l'homme à la gestion de la chose publique.
«La participation de la femme à la gestion est un droit et non une faveur. La femme a droit à la représentation équitable au sein des institutions au niveau local et national et elle a droit de participer au développement du quartier lorsqu'elle y est comme gestionnaire» renchérit maitre Papy Kajabika dans son intervention.
Le chef de quartier de Bagira Munganga estime pour sa part que c'est important de faire participer la femme au niveau du quartier mais souhaite que les femmes ciblées ou celles qui seront proposées soient d'abord accompagnées pour qu'elles reconnaissent elles aussi la nécessité de contribuer par leurs opinions.
«Toutes les femmes sont intéressées à faire entendre leur voix et à participer à la gestion locale du quartier. Je pense que les cadres de base doivent être informés suffisamment sur les droits des femmes car il y a encore un problème d'ignorance et d'égoïsme masculin dans le chef de certains » indique Marie Jeanne Kazunguzibwa membre de CAFCO Cadre Permanent de concertation de la Femme Congolaise Sud Kivu.
Partage d'expérience sur la gouvernance locale à Kamanyola
Une des femmes Nyumba Kumi ( Dix maisons) a pris part à cette conférence pour parler du travail qui est fait par d'autres femmes dix maisons nommées il y a quelques mois par le chef de groupement de Kamanyola en territoire de Walungu. « C'est une fierté pour nous les femmes Dix maisons de Kamanyola d'être à la gestion de l'entité. Nous dénonçons les cas d'insécurités dans notre village et tous les cas suspects des malfaiteurs ou bandits sont signalés au chef de groupement ou chef de village pour un suivi minutieux. Je donne ainsi mes propositions pour le développement et le bien être de gens qui m'entourent» explique Jeannette Mapendo Femme Nyumba Kumi à Kamanyola.
L'initiative prise par le chef de groupement de Kamanyola grâce au plaidoyer fait par Femme au Fone qui a aboutit à la nomination des 33 femmes dix maisons , a été saluée par les participants à cette rencontre d'échange.
François Migabo, chef de groupement de Kamanyola présent à cette conférence, reconnait le travail accomplit par les femmes Nyumba Kumi: «Je suis conscient que seul je ne peux pas travailler. J'ai besoin des femmes compétentes, celles qui maitrisent bien leurs cellules pour que mon travail avance bien. Je travaille avec les femmes Nyumba Kumi et je trouve que c'est une bonne collaboration car elles me partagent toutes les nouvelles nécessaire de là où elles dirigent».
A l'issu de cette conférence, les cadres de base ont recommandé au consortium Femme au Fone de mener un plaidoyer pour la régularisation de la situation administrative des cadres de base, qu'ils soient payés par l'Etat afin que les femmes puissent s'y intéresser de plus en plus. Notez que sur les 20 quartiers que comptent Bukavu, seules 3 Femmes sont responsables des quartiers sur 17 hommes; sur 402 Cellules seules 15 sont gérées par les femmes et 387 cellules sont dirigées par les hommes.
Cette conférence s'est tenue dans la salle de l'Hôtel Belvédère en commune d'Ibanda et a connue la participation des journalistes, des organisations de la société civile de promotion des droits des femmes et les cadres de base des trois communes de Bukavu.
Par Eliane Polepole.
Femme au Fone