Sud Kivu : le mauvais état des routes de dessertes agricoles freine le développement économique des femmes agricultrices.
10-07-2018 13:40:04
Des femmes agricultrices du Sud Kivu n'arrivent pas à écouler leurs produits champêtres suite à l'état de délabrement très avancé des routes des dessertes agricoles. Elles sont obligées de consommer ces produits en famille , et pourtant elles auraient un plus à gagner si les fruits de leur récoltes arrivent en ville pour une vente commerciale.
L'agriculture est l'une des activités génératrice des revenus dans tous les huit territoires du Sud Kivu. Nombreuses femmes s'adonnent à l'agriculture espérant vendre les récoltes et gagner l'argent pouvant relever leur pouvoir économique.
Plusieurs villages sont inaccessibles en province malgré leur sol riche et productif. Lors des saisons culturales,certains produits pourrissent dans les champs par manque de clients pouvant s'y approvisionner. C'est le cas des femmes agricultrices de shabunda qui, pour faire voyager par voie aérienne leurs récoltes vers les villes de Goma et Bukavu doivent payer par avion une somme de 1,5 dollar américain par kilos et 450 dollars aller et retour par personne. Cette situation amène ces femmes de Shabunda à ne pas accorder plus d'importance à l'agriculture, elles privilégient de plus en plus le petit commerce pour survivre.
Economiquement faible malgré leurs efforts.
« Dans mon champ situé à plus de 7 kilomètres du centre, je cultive les maniocs, les arachides et le riz espérant vendre à un bon prix lors de la récolte. Je me donne pour cultiver mais, je trouve que c'est une peine perdue car lorsque j'amène mes produits au marché et ne gagne presque rien ». S'exclame madame Joséphine une femme agricultrice de Shabunda.
« L'argent que je gagne ne me sert qu'à acheter la nourriture, et répondre à certaines besoins primaire. Je ne peux pas avec ça penser épargner ou devenir une femme entrepreneure un jour ». Ajoute cette femme cultivatrice.
Cette situation n'est pas différente à celle vécue dans d'autres territoires de la province du Sud Kivu.
En groupement de kalonge en territoire de kalehe, les agricultrices, ne parviennent pas à vendre les récoltes de leurs champs à Bukavu à cause du mauvais état de la route qui relie Kalonge à la ville. Situé à plus de 65 Km de la ville de Bukavu, les véhicules qui fréquentent ce tronçon se heurtent à d'énormes difficultés suite au délabrement avancé. Certains véhicules qui font la route nationale numéro 3 quittant le centre de Miti jusqu'à walikale en passant par Bunyakiri, sont toujours bloqués à l'endroit communément appelé Madiriri situé dans le parc national de kahuzi Biega où les véhicules sont containts de rester pendant plus de deux jours avant de reprendre voyage car embourber et obliger de se frayer une piste dans un tas des boues et des eaux stagnantes mal drainées.
Dans ce contexte, les femmes sont obligées de passer la nuit à la belle étoile , sur ce site situé en plein milieu du parc national de Kahuzi Biega exposé à des intempéries. Cela étant, certains produits comme les bananes, les ignames ou encor les colocases emballés dans des sacs,pourrissent en cour de route, au grand regret des cultivateurs.
Vers une solution éphémère aussi « insécure »
Voulant aller de l'avant sur le plan économique, certaines femmes agricultrices de Kalonge essayent de relever le défis en parcourant plus de 45Km à pieds avec leurs marchandises au dos. « A chaque récolte, je m'efforce de quitter kalonge en passant par Civanga à pied pour le centre de Miti, afin de vendre les récoltes de mon champs. Si je n'effectue pas ce trajet, je ne peux pas espérer trouver une somme importante d'argent. Malheureusement au retour étant déjà fatiguer et craignant d'être dépouiller sur la route, il m'arrive de faire appel au transport par moto à une somme de trente mille francs congolais avec comme conséquence que le bénéfice est versé dans le transport et parfois même plus Témoigne Nyota Buhendwa, une femme du village de Cifunzi Kalonge en territoire de Kalehe.
C'est aussi le cas des femmes qui quittent Bunyakiri en territoire de Kalehe, celles de Kitutu en territoire de Mwenga, Kaziba en territoire de Walungu pour ne citer que ces axes. Tous les territoires connaissent les difficultés énormes dans la commercialisation des produits agricoles suite au mauvais état de la route et la longue distance reliant les zones à fortes activités champêtres et les centres de commercialisation.
Des promesses de réhabilitations non tenues.
Les gouvernements provinciaux qui se sont succéder, font des annonces tous les ans de réhabiliter certaines routes de dessertes agricoles.
« Chaque cinq ans, nous avons la route nationale numéro cinq RN5 reliant Bukavu au territoire d'uvira, une promesse qui ne se matérialise pas. Nos productions de la plaine de Ruzizi sont vendues aux rwandais, qui à leur tour les revendent à un prix élevé aux habitants de la Ville de Bukavu car obligé de passer par ce pays voisin » déclare madame Fatuma habitante du groupement de Kamanyola en territoire de Walungu.
Selon le directeur de cabinet du ministère provincial de l'agriculture et développement durable, monsieur Dieudonné MUPANDA les efforts sont fournis par le gouvernement en place. Pour lui, son ministère mobilise des fonds en vue de la réhabilitation de certaines routes des dessertes agricoles. Les moyens n'étant pas suffisants, le gouvernement provincial lance un appel à d'autres partenaires à s'inscrire à ce projet afin de contribuer à la réhabilitation des routes pour un développement durable.
En attendant, les femmes continuent de faire face à tous ces problèmes, malgré les déclarations des autorités à partir du niveau national jusqu'au niveau provincial d'investir et contribuer dans la force productrice de la femme rurale, une priorité de la RDC pour cette année 2018 ( thème de la JIF 2018 dans le pays). Une détermination qui, comme les années précédentes risque de rester juste comme un slogan sans mesure ni politique pour la matérialisée.
Marlaine Zawadi
Journaliste FAF