Bukavu, les femmes se regroupent pour renforcer leur économie
05-05-2018 10:23:36
« Cela fait trois ans depuis que mon mari est parti me laissant seule avec mes enfants et j'ai supporté toutes les charges. Ce n'était pas facile mais j'ai réussi grâce à l'Association Villageoise d'Epargne et de Crédits AVEC, un groupe qui nous aide à épargner à travers des cotisations et de souscrire pour un crédit. Aujourd'hui j'ai déjà construit une maison, je me débrouille bien économiquement » affirme une bénéficiaire de la commune de Bagira que nous avons interviewé.
Cette approche des Associations villageoises d'épargne et des crédits, AVEC, prend de plus en plus de l'ampleur tant au niveau des territoires mais également dans la ville de Bukavu.
L'accès aux microcrédits un casse-tête pour les femmes
Les inégalités s'observent toujours dans l'accès aux services financiers dans la province du Sud-Kivu.
Le taux des hommes ayant accès aux crédits est de 56% alors que celui des femmes reste faible renseigne le professeur à l'Université Catholique de Bukavu Monsieur KANYURHI EDDY et expert en genre et microcrédits dans les banques et institutions des microcrédits.
En majorité, les femmes ne possèdent pas des biens pouvant constituer des gages ou garanties dans
its. l'acquisition d'un crédit. Aussi c'est triste de constater qu'à ce jour nombreuses personnes et maisons de micro finances continuent à se baser sur les énoncés déjà révisés du code de la famille congolais, qui conditionnent l'autorisation maritale pour l'accomplissement de certains actes par la femme, la considérant comme incapable de les accomplir fait observer Madame Yvette Mushigo, secrétaire exécutive de la Synergie des femmes Pour la Paix et la Réconciliation.
Les regroupements économiques des femmes, une solution qui attire
Selon Me Grégoire Mwembo, coordonnateur de l'ADJ, les femmes que nous accompagnons sont organisées dans des groupes de 25 à 30 personnes et font des cotisations pouvant leur permettre d'avoir un crédit à rembourser après un temps donné.
A travers ce regroupement plus de 5000 femmes ont amélioré leur situation financière dans la ville et dans des territoires, grâce aux crédits qu'elles obtiennent et qui les permettent de faire des activités économiques.
Certaines sont aujourd'hui vendeuses des braises, des beignets, de la farine, poissons et autres denrées alimentaires.
Plusieurs femmes ont relevé l'économie de leurs familles, elles ont réussi à scolariser leurs enfants et répondent à d'autres besoins primaires familiaux, fait savoir madame Chance Mpalirwa membre de l'ADJ.
Difficultés des femmes
Les femmes regroupés dans les AVEC connaissent différents problèmes pour la commercialisation de leurs produ
Elles font faces aux tracasseries policières et douanières et sont également soumises à payer des multiples taxes parfois dépassant leur profit.
A cela s'ajoute la rançon exigée par certains policiers pour celles qui veulent se dérober aux exigences des services affectés à la douane et qui font les transactions transfrontalières.
L'absence des places dans les marchés ou lieux d'écoulement fixes des produits pour celles qui exercent le petit commerce n'est pas en reste.
La dépréciation des francs congolais face au dollar demeure un problème majeur qui impacte sur l'économie des femmes étant donné que le dollar américain apparait dans toutes les transactions.
Madame Yvette Mushigo ajoute en disant que certaines femmes sont butées aux difficultés de garder stable les fonds réunis à cause de l'envie de leurs maris à vouloir recourir à ce capital, parfois même de force, les besoins toujours croissants des familles déstabilisent étant donné que pour la plus part des cas les demandes et besoins de la famille reposent sur la couverture de ce moyen de revenu.
Des solutions pour y remédier
Le professeur KANYURHI EDDY suggère que l'autorité monétaire s'investisse dans la stabilité du taux de change en vue de pallier à certains problèmes que connait la femme au Sud-Kivu.
La présence de deux monnaies sur le marché, à savoir le franc congolais et le dollar étant un avantage, il demande aux femmes de convertir souvent leur monnaie en dollar.
Notre source exhorte aux organisations qui accompagnent les femmes telles qu'Amis de la Justice, Association pour la promotion de l'Entreprenariat Féminin APEF et autres, d'orienter les femmes dans le choix des secteurs rentables et productifs que le petit commerce.
Le professeur invite également les hommes à accompagner leurs femmes dans la gestion de crédits à rembourser.
Par Isabelle Riba
Yvette Mushigo