Sud-Kivu : Le phénomène enfants accusés de sorcellerie prend de l’ampleur
25-04-2018 11:17:18
EK’ABANA est un centre d’encadrement pour des enfants en situation difficile en les appuyant dans l’apprentissage des différents métiers notamment la coupe et couture, la pâtisserie et autres. Il se trouve dans la ville de Bukavu, est tenu par des religieuses catholiques. Il accueille des enfants de tous âges qui sont victimes des différents maux sociaux. Donatus Birindwa indique que la prolifération de chambre de prière dans différents coins de la province et la présence de la voyante appelée Mujakazi seraient à la base de cette situation. Dans la ville de Bukavu, ce phénomène « enfants accusés de sorcellerie » s’observe plus dans des quartiers populaires ou les familles vivent dans une proximité aigüe. Notre source fait savoir que les victimes de ce phénomène sont les filles de moins de 18 ans et dont la plupart d’entre elles sont des orphelines issues des familles pauvres. « Ces enfants sont abandonnés par les membres de leurs familles et sont victimes de tortures, de marginalisation et d’autres sont de fois brulées vives par la communauté » ajoute le chargé de communication à la fondation EK’ABANA. Donatus BIRINDWA demande au gouvernement provinciale de mettre en application la loi du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant à son article 160 alinéa 2 qui stipule que « toute personne qui accuse un enfant de sorcellerie doit être puni de 1 à 3 ans de servitude pénale et d’une amende de deux cent million franc congolais » Car selon lui, souvent les auteurs de ces actes restent impunis pourtant la loi est claire quant à ce. « Les autorités doivent suivre de près ce qui se passe dans des chambres de prières car beaucoup d’entre elles accusent ces enfants innocemment de sorcellerie alors que cela a un impact négatif sur l’avenir de ces enfants, que ce soit sur la plan social, éducatif et psychologique » renchérit Donatus BIRINDWA. Le psychologue Jacques MATABARO indique pour sa part qu’accuser un enfant de sorcellerie a des conséquences néfastes sur ce dernier. « L’enfant accusé de sorcellerie vit dans un stress permanent et accumule ainsi des blessures intérieures étant donné sa discrimination dans la société. Il est difficile pour cet enfant de se relever et aller de l’avant » précise-t-il. La cheffe de division provinciale des affaires sociales Pétronie KANGELA rassure pour sa part que des efforts seront fournis par son service afin de protéger ces enfants. « Nous allons répertorier toutes les chambres de prière dans la ville comme dans les territoires et nous allons sceller celles qui accusent innocemment les enfants de sorcellerie et qui les privent de leurs droits » indique-t-elle. A propos des réactions du système SMS Femme au fone Des réactions ont été nombreuses dans le système SMS de Femme au Fone par rapport à ce phénomène enfants accusés de sorcellerie. Ces messages sont venus de Kavumu et Katana dans le territoire de Kabare, d’Uvira, de Walungu, de Kalehe et de la ville de Bukavu. Dans tous ces coins, les contacts de Femme au Fone affirment que ce phénomène prend de plus en plus de l’ampleur ces derniers temps. Ils indiquent que les enfants qui sont plus accusés sont les orphelins qui vivent chez les membres de leurs familles, les enfants qui vivent chez leurs grand-mères qui sont soupçonnées d’initier leurs petites filles dans la sorcellerie. Ceci parce que dans la communauté, les personnes de troisième âge surtout les femmes sont accusées aussi de sorcellerie. « Ces enfants sont discriminés dans la société, ils sont con nbgfdsqtrés de ne pas aller à l’école, sont chassés de la famille, vivent dans la rue sans aucune assistance et cela constitue un danger pour leur avenir » indique un message venu de Kalonge dans le territoire de Kalehe. « Ces enfants sont accusés à tord et à travers et tout cela émane de la pauvreté qui gangrène notre société. Les autorités à tous les niveaux doivent suivre ce qui se passe dans les chambres de prière afin de protéger les droits de ces enfants » précise un message d’une femme à Katana. Raïssa KASONGO, Femme au fone