Walungu : Les femmes demandent la transparence dans la gestion des biens du foyer
05-07-2017 09:06:48
En territoire de Walungu, province du Sud-Kivu, l'essentiel des travaux champêtres revient aux femmes, elles font le défrichage, le labour, la récolte, le séchage et le stockage jusqu'à la vente vers les marchés locaux. Après la vente, la gestion de l'argent des produits champêtres est faite par des hommes et parfois sans associer leurs épouses. Les femmes membres du groupe Femme au Fone axe Walungu qualifient cette situation de violence économique au sein du foyer.
En famille, ils décident de tout
Certains hommes dans ce territoire s'autorisent de vendre des champs familiaux sans informer leurs épouses, d'autres vendent des bétails et d'autres encore travaillent mais ne donnent pas l'argent de la ration alimentaire à leur femmes.
Les revenus des familles dans cette partie du Sud-Kivu sont issus en grande partie de l'exploitation de la terre, l'agriculture familiale, l'élevage des petits bétails et volailles ainsi que l'éxploitation artisanale dans les carrières minières.
Les femmes rencontrées par la rédaction Femme au Fone expliquent que ne pas les associer dans la gestion des biens du ménage freinent leurs épanouissement économique . « Lorsque la femme ne participe pas à la gestion des biens du ménage, c'est triste parce qu'elle vit dans l'angoisse. J'ai rencontré une femme qui commence à cultiver pour les autres car son mari à vendu le champ d ela famille à son insu parce qu'il avait des dettes à payer ; des dettes que la femme ignore. Cette femme a des blessures intérieures à cause de ce problème. Elle n'aime pas en parler pour l'honneur de son mari » témoigne Edith Kokere, vice-présidente de la société civile sous noyau de Walungu.
Selon elle, la non-participation des femmes à la gestion financière du ménage s'observe car il y a certains hommes qui ne croient qu'aux coutumes rétrogrades. Des coutumes qui stipulent que la femme ne peut rien dire ni proposer si le mari a décidé sur la gestion des revenus financiers de la famille. Ces traditions font à ce qu'ils se considèrent comme des chefs suprêmes qui n'ont pas besoin du conseil ni de l'avis de leurs épouses.
Sur la route du Changement
Demander l'avis de la femme avant toute action financière au sein de la famille est indispensable pour une bonne gestion et la transparence au sein du foyer estime Augustin Basimane membre de radio Club Cikamba à Walungu.
« Nous voulons que les hommes de Walungu comprennent que l'apport de la femme est nécessaire pour le développement de la famille, cacher à sa femme les revenus financiers, dépenser inutilement l'argent que la femme utilise pour son petit commerce, vendre la maison ou champs sans informer sa femme c'est un manque de considération à celle qu'on aime. Cela bloque la transparence au sein du foyer » explique Augustin Basimane.
Mélanie Ruhamya institutrice à l'école primaire Muleke à Mubumbano indique au cours de l'émission Femme au Fone à la radio Mulangane de Walungu que « dans une famille où il y a le dialogue, l'homme est appelé à écouter les préoccupations de sa femme et ses propositions. En majorité les femmes sont des bonnes gestionnaires, elles ne gaspillent pas l'argent de la famille pour des futilités. C'est pour cela que j'appelle tous les hommes à la prise de conscience, je les invite à associer leurs femmes à la gestion des biens du foyer »
Pour palier à ce problème, des sensibilisations sont faites par le projet Femme au Fone à travers les émissions radio, les spots éducatifs et les formations sur le genre et les droits des femmes. D'autres organisations œuvrant dans la thématique des droits humains et droits des femmes mènent d'autres séances de sensibilisation pour un changement significatif au sein de la communauté à Walungu.
Eliane POLEPOLE