Vivre en « paix » après avoir subi les violences domestiques c’est possible !
17-03-2017 14:40:13
Au Sud-Kivu, nombreuses femmes vivent des situations des violences dans leurs ménages. Les messages reçus au système Femme au Fone FAF au début de cette année 2017 démontrent que certaines femmes sont battues par les maris, d'autres sont privées de la ration alimentaire, d'autres encore sont abandonnées avec leurs enfants ou chassées de leurs maisons lorsque le mari épouse une deuxième femme. Ces traitements que subissent certaines femmes dans leurs familles (Violences domestiques), dans les foyers appellent à la responsabilité de chaque acteur dans le respect des droits des femmes.
Rebecca M. âgée d'une quarantaine, habitante de Mbombero en territoire de Kabare, mère de 5 enfants a su se batte pour son droit après avoir été rejetée par son mari. Elle a compris que malgré les souffrances qu'elle a endurées dans son foyer, il y a moyen de combattre pour le respect de ses droits et vivre en paix.
Témoignage de Rebecca M'Murhundi à FAF
« Je vivais avec mon mari, après huit ans ensemble, il commença à me dire qu'il va partir chercher du travail, et puis un jour il est parti. Il nous a abandonné au Nord Kivu, à Goma dans une maison à louer au moment où je n'avais pas de travail. Après quelques semaines j'ai appris qu'il est à Walikale. Nous avons souffert avec les enfants, j'ai manquais même la farine pour faire la bouillie pour mes enfants. J'ai fini par transportais des lourds fardeaux, avoir un peu d'argent et par après trouver le transport et revenir ici à Bukavu avec mes enfants. Mon mari m'a laissé avec un bébé de 8mois et je me demandais quoi faire, c'était une vie pénible. Il a fait 11 ans là à Walikale, il n'envoyait pas l'argent pour la ration alimentaire des enfants ni même pour les scolariser. J'étais seule sans assistance et je devais supporter tous les besoins de mes enfants, je n'avais même plus des nouvelles de mon mari. Un familier en provenance de Walikale m'avait prévenu qu'il vit avec une autre femme et il a 1 enfant.
Après un temps, J'ai eu une petite occupation à l'organisation women for women et puis à la prison centrale. J'ai commencé à gagner un peu d'argent et j'épargnais un peu. Comme la maison dans laquelle nous vivions était sur le point de s'écrouler, j'ai acheté des tôles et j'ai commencé à construire la maison. J'ai construit une jolie petite maison en bois chez nous à Mbombero et je faisais le petit commerce pour nourrir mes enfants et scolariser certains.
Après 11 ans d'absence, mon mari est rentré à la maison, mains vides. Il a trouvé que j'ai déjà construit la maison, il m'a demandé de vivre avec lui. Je n'ai pas refusé. Nous sommes partis faire le test à l'hôpital pour connaitre l'état sérologique. Nous n'avions pas des maladies sexuellement transmissibles ; les résultats de l'hôpital nous ont permis de rester encore comme mari et Femme. Après quelques mois, il a commencé à sortir avec une autre femme, et me faire souffrir, à m'injurier et à me mettre mal à l'aise. Il a fini par me chasser de la maison comme une voleuse. Il m'a chassé de la maison que j'ai moi-même construit. Je suis parti avec mes enfants chez mes parents. Après une année, j'ai réfléchi et j'ai trouvé que ce n'est pas normal que l'on viole mes droits. J'ai appris que mon mari veut vendre cette maison que j'ai construite avec la sueur de mon front, j'ai commencé à chercher des gens qui pouvaient m'aider à défendre mes droits.
Je suis parti voir le responsable de la commission diocésaine justice et paix noyau de Mbombero et j'ai expliqué le problème. Il a entamé le processus de dialogue avec mon mari. Il a d'abord refusé aux invitations de premières rencontres, mais après il a fini par accepter quand la CDJP lui a informé que s'il continue à refuser l'arrangement à l'amiable, le dossier va être amené en justice. Finalement, après des négociations et des fortes discussions ; il m'a laissé la maison avec mes enfants. Aujourd'hui je vis en paix grâce à l'accompagnement que j'ai reçu de part de la CDJP»
Rebecca demande à d'autres femmes de ne pas croiser les bras lorsque leurs droits sont bafoués. Selon elle, elle est heureuse de savoir qu'elle vit dans sa maison et qu'elle peut désormais prendre soins de ses enfants sans être dérangé.
« J'invite toutes les femmes à se battre pour leur dignité, pour leur honneur. Il y a celles qui souffrent tout simplement par ignorance. La femme est une force et si elle est déterminée, elle peut être source d'inspiration pour la communauté » conclut Rebecca M.
Elle appelle toutes les femmes du Sud KIvu à briser le silence, à dénoncer les abus qu'elles subissent et à alerter la situation dans laquelle elles vivent auprès des structures qui peuvent les aider.
Eliane Polepole