Piégées par une pratique ancestrale : la transhumance
Bétails et terres, sources d’insécurité pour des agricultrices dans le Sud-Kivu.
15-02-2015 16:01:31
Les agricultrices de la plaine de la Ruzizi, dans le territoire d'Uvira, se plaignent de la destruction de leurs cultures et récoltes au moment de la transhumance, c'est-à-dire, quand les vaches -guidées par les éleveurs- descendent les montagnes pour chercher des pâturages. Le passage des animaux détruit les champs, leurs cultures et leurs semences ; l'économie familiale s'écroule et l'incertitude s'installe dans leurs vies.
Ce litige est historique : chaque fois que les vaches passent, il y a des problèmes. Les agriculteurs font recours, quelque fois, aux armes pour éviter que les vaches détruisent leurs cultures ; les éleveurs font la même chose pour forcer le passage de leur bétail. Ni la loi ni l'administration publique n'ont pu, par l'instant, régler ce différend des bords, existant depuis la colonie belge. La transhumance est ainsi une source de violence, de fois mortelle, qui déstabilise la province du Sud Kivu, à la frontière avec le Rwanda et le Burundi, riche en matières premières et zone de conflit permanent depuis le génocide de 1994.Une région que l'organisation International Crisis Group décrit comme une « zone grise », enroulée dans une violence irrégulière depuis 20 ans[1].
La réforme agraire et la gestion des terres sont deux questions prioritaires pour atteindre une certaine stabilité dans la région, elle est nécessaire pour la cohabitation entre les éleveurs et les agriculteurs, issus des groupes ethniques différents, en conflit depuis la colonie. Mais l'abandon que souffre cette région de la part de Kinshasa et une législation ambiguë ont donné un énorme pouvoir aux chefs coutumiers (mwami). Ils se basent sur la loi coutumière et ne sont pas capables par l'instant de résoudre pacifiquement les conflits locaux de terres. Ils sont partie prenante quelques fois lors des luttes pour le control de la terre.
En 2010 on a créé le Cadre de Concertation Intercommunautaire, un espace où sont représentés des agronomes, des agriculteurs –la plupart d'entre eux sont des femmes- et des éleveurs –la plupart d'entre eux des hommes- et ils ont élaboré des accords qui font la loi aujourd'hui pour eux.
Ils ont créé des commissions mixtes pour appliquer ces accords à Kakamba, Biliba, Rhunigu, Kiliba et Ndunda, des communautés de la Plaine de la Ruzizi qui sont au centre du conflit et qui provoque la transhumance. Ils ont divisé les terres en créant des chemins pour le passage des bétails, avec de l'accès à l'eau et des terres pour le pâturage, et des terres pour cultiver. Saidi Allo Ibya Sango du Réseau d'Innovation Organisationnelle (RIO), une des partisanes de cet accord, affirme que la colonie (belge) avait déjà prévu tous ces espaces et qu'ils n'ont eu qu'à suivre ces plans. Petit à petit les problèmes ont commencé à se résoudre ».
La transhumance commence à partir du mois d'avril. Les éleveurs viennent du nord de la plaine de la Ruzizi, surtout ceux de la cité de Kamanyola, et vont au sud avec leurs grandes troupes de vaches pour chercher des pâturages. Ces migrations durent des fois jusqu'au mois d'aout voir septembre, moment de retour des bétails vers leurs étables. Les femmes agricultrices de Kamanyola et d'autres villages de la Plaine expliquent que la destruction de leurs cultures, causée par le passage des bétails, provoque de l'insécurité économique et physique chez elles.
SMS d'alerte
Le 6 juin 2014 toute une série des messages SMS sont arrivés au système Femme au Fone (FAF), ils alertaient du massacre de 33 personnes (8 mineurs, 17 femmes et 8 hommes) dans la cité de Mutarule, dans la Plaine de la Ruzizi. Les causes de ce crime sont complexes et elles ne sont pas seulement dues aux bétails, mais ce massacre a relancé le débat sur les conflits –armés et non armés- qui se répètent régulièrement autour de cette activité millénaire de la transhumance et leurs conséquences sur la sécurité des personnes.
Quelques jours après ce massacre, des nouveaux messages SMS arrivés chez FAF parlaient des problèmes d'insécurité des femmes agricultrices de la plaine de l Ruzizi. Les femmes d'Uvira alertaient d'affrontements à cause du passage du bétail au milieu de ses champs cultivés dans les localités de Kamanyola, Kiliba, Runingu y Katogota. Par après, FAF est allé à Kamanyola et a parlé avec des femmes qui ont confirmé que ces litiges sont une source d'insécurité physique et économique pour elles et leurs familles.
Dans cette région de l'Est de la RDCongo, à la frontière avec le Rwanda et le Burundi, connue comme la Région des Grands Lacs, la tradition impose sa loi avec à l'aide, la force de la coutume et non pas de la Constitution congolaise. Les vaches ont une valeur économique et immatérielle, avec les vaches on paie la dot des filles en âge de se marier et cela représente un pouvoir réel et symbolique. C'est une des raisons qui fait que la protection du bétail est des fois assuré par des groupes armés, voir même l'armée, comme dans le cas du massacre de Mutarule, où il y avait plusieurs intérêts et propriétés mélangés, y compris un haut gradé de l'armée dans la région du Sud Kivu, selon des sources sécuritaires qui demandent l'anonymat pour des raisons de sécurité. .
La rédaction des journalistes FAF a diffusé le 29 septembre 2014 sur la Radio Maendeleo une émission-débat intitulée Les effets de la transhumance sur la sécurité des femmes dans la Plaine de la Ruzizi. Dans ce débat diffusé en direct, ont participé des acteurs concernés par cette dispute historique : Fatuma Kayengele responsable de l'organisation féminine femme Lève-toi de Kamanyola ; Jean BOSCO Sadiki, représentant des éleveurs à Kamanyola ; Bertin Zagabe, chef de poste d'encadrement de Kamanyola ; Saidi Allo Ibya Sango, du Réseau d'Innovation Organisationnelle (RIO).
Ceci est un résumé de ce débat:
Femme au Fone (FAF): Saidi Allo Sango, vous êtes du Réseau pour l´innovation organizational. Parlez nous de l'historique en synthèse sur cette problématique de la transhumance dans la plaine de la Ruzizi !
SAIDI ALLO IBYA SANGO: Nous avons fait des recherches au niveau de RIO (Réseau d'Innovation Organisationnelle) en partenariat avec ADEPAE (Action pour le Développement et la Paix Endogène), ayant déjà constaté ce problème, nous avons accompagné les tribus du territoire d'Uvira et des Fizi pour essayer de comprendre en profondeur les difficultés qu'elles ont et cela nous l'avons fait pendant presque 4ans, depuis 2007 jusqu'en 2010. Enfin nos enquêtes on relevées que leurs difficultés peuvent être regroupées en trois : les conflits fonciers et de l'administration, la collaboration entre certaines tribus avec certains groupes armées et la mauvaise gouvernance. Et c'est dans la catégorie des conflits fonciers que nous trouvons le problème entre les éleveurs en quête de pâturage et les agriculteurs et dans cela nous y classons plusieurs problèmes comme : le feu de brousse qui abime les champs, la dévastation des champs par les troupeaux, le vol des vaches et même ce que je peux appeler le pillage ou prendre de force les vaches de certains éleveurs.
Il y a aussi le conflit de refus d'être gouverné c'est-à-dire le conflit de leadership des certaines autorités coutumières appelés les Mwami. Donc je vais dire que le problème entre éleveurs et agriculteurs se trouve dans la catégorie des conflits et c'est juste une partie parmi plusieurs conflits dans la plaine de la Ruzizi ; c'est ce problème qui est même l'élément déclencheur des conflits, car c'est à ce niveau que les gens commencent les provocations tout le temps. Lorsque par exemple un champ est dévasté, d'autres se soulèvent et le problème entre éleveurs et cultivateurs commencent directement. A ce jour, le problème est toujours réel car ce conflit lié à la terre est la base de certaines violences dans la plaine de la Ruzizi.
FAF: Madame Fatuma Kayengele, vous êtes responsable dans l'organisation Femme lève toi, ¿comment à ce jour cette situation insécurise la femme cultivatrice de Kamanyola ?
Fatuma Kayengele: C'est depuis longtemps que la femme cultivatrice a des différents problèmes dan son travail, mais si nous regardons de près cette situation nous insécurise plus depuis le mois de juin après le massacre de Mutarule, car en ce moment , les éleveurs de là sont venus avec leurs vaches en grande quantité et pourtant chez nous à Kamanyola, nous n'avons pas suffisamment d'espace pour garder ces troupeaux et c'est ainsi que je peux dire que le problème s'est accentué, et en ce moment où je parle il ya un sérieux entre moi comme cultivatrice et les éleveurs, je ne me sens pas en sécurité avec ce conflit.
FAF: M. Jean Bosco Sadiki, représentant des éleveurs dans la plaine de la Ruzizi, ¿pourquoi jusque là à cette période, les vaches continuent à manger les récoltes dans les champs des femmes ?
Jean Bosco Sadiki: Depuis longtemps, nos aïeux grand pères, il y avait toujours des vaches à Kamanyola. Je pense aussi comme viens de dire madame Fatuma que le conflit se fait plus sentir pendant cette période à cause des problèmes qu'il y a eu à Mutarule, ce qui est vrai de nombreux éleveurs se sont déplacés avec leurs troupeaux jusqu'à Kamanyola. Il y a beaucoup de vaches mais l'espace est insuffisant ; mais nous avons cherché de méthodes pour le gérer et jusqu'à maintenant je peux dire à maman Fatuma de plus s'inquiéter car nous faisons déjà tout notre possible pour faire retourner les vaches à leurs lieux habituels, du coté de Bufulero la où il y a le sol pour le pâturage. Et donc je demande à maman Fatuma et d'autres cultivatrices de ne plus avoir peur car nous sommes en train de faire rentrer les vaches.
FAF: M. Bertin Zagabe, chef de poste d'encadrement de Kamanyola, vous avez organisez des réunions entre éleveurs et cultivatrices, il y a des mesures qui ont été prises et même un acte d'engagement a été signé entre les deux, ¿pourquoi le problème persiste ; pas toujours de solutions durable ?
Zagabe: Nous nous sommes rencontrés en date du 21 juin avec toutes les notabilités et nous avons échangé sur cette question de destructions des champs. Il y avait à Kamanyola environ 10 000 têtes de vaches, avec les représentants des éleveurs, des agriculteurs, le président de la société civile de Kamanyola et les services techniques des agronomes du secteur et les vétérinaires, nous nous sommes dit que nous nous rencontrerons chaque fois qu'il y a conflit entre eux. Nous avons trouvés que Kamanyola a un espace insuffisant pour accueillir toutes ces vaches mais en fait quoi faire ?lorsque quelqu'un trouve refuge chez vous, tu ne dois pas le chasser parce que ta maison est petite, tu dois d'abord l'accueillir pour chercher la solution après. C'est ainsi que nous avons établi l'acte d'engagement, une règle à être respectée par toutes le parties prenantes, nous nous sommes mis d'accord et tous ont signés : société civile, autorités locales, éleveurs et agriculteurs. Là nous avons dit que lorsque une vache abime le champ d'une agricultrice ; les deux doivent d'abord se rencontrer, cela ne se faisait pas avant, à ce jour ca commence à se pratiquer ! Avant c'était des disputes, des bagarres ; mais les deux lorsqu'ils se rencontrent ils se conviennent comment celui qui a abimé va dédommager l'autre. L'acte d'engagement nous a beaucoup aidés et nous trouvons qu'il y a apaisement de tension. Il y a aussi à mon avis, des agriculteurs qui veulent juste révolter les gens, ils crient tout haut nos champs sont dévastés et quand tu lui poses la question il ne te montre pas le champ dévasté, et puis quand il va t'en parler tu trouves que le champ dont il parle ne lui appartient même pas.
FAF: Vous parlez d'apaisement de tension grâce à l'acte d'engagement mais les femmes continuent à se plaindre, notre confrère Héritier Boroto était dernièrement à Kamanyola et s'est entretenu avec une femme cultivatrice, je vous propose de suivre son témoignage.
Nous les femmes de Kamanyola, le problème qui nous préoccupe c'est ce conflit entre éleveurs et cultivateurs, il y a des vaches qui ont quitté la plaine de la Ruzizi précisément à Luvungi, Bwuegerha, Lubarika, Katogota et Mutarule. Ces vaches ont été chassées là bas à cause de destructions de champs. Ces vaches sont venus ici à Kamanyola et pourtant nous n'avons pas d'espace pour le pâturage, ces vaches sont éparpillées presque partout dans Kamanyola. Lorsque les bergers vont chercher de quoi nourrir ces vaches, il n'y a pas d'espace, de chemin réservé pour ces troupeaux pour qu'ils aillent jusqu'à la source pour trouver de l'eau à boire ; les bergers laissent ces vaches en train d'errer comme elles veulent dans nos champs de maniocs, le berger se permet même d'enlever les maniocs dans le champs pour faire brouter aux vaches parce qu'il n'y a pas d'herbes, quand tu trouves cette situation ca te fait très mal et ca crée des problèmes entre nous . Ce qui nous inquiète et nous insecurise pour le moment : nous voyons que nous sommes dans la période culturale, nous commençons au mois d'aout et de septembre à cultiver mais ces vaches sont toujours ici chez nous et ca nous met mal à l'aise. Nous nous demandons ce que font les autorités pour nous aider à trouver une solution, nous en avons déjà parlé, les autorités locales ont organisées des conseils de sécurité sur la question mais rien ne change, il n'y a plus de solution à ce problème ; et jusque là ces vaches peuvent être estimées à plus de 10.000 environ et on ne sait pas ce que pensent les autorités a propos de ces vaches qui détruisent nos cultures face à nous les cultivatrices paysannes , parce que pour la majorité des habitants de Kamanyola vit de ce travail du sol . Et maintenant que toutes ces vaches restent encore là sans pâturage propre ou de ranching bien de limité, et nous avons dèja commencé à cultiver nos champs , c'est inacceptable que ces vaches viennent piétinés nos champs déjà cultivés.
FAF: Cela veut dire que cet acte d'engagement ne vous aide pas entant que les femmes cultivatrices?
Fatuma Kayengele: Nous pensons que c'est non, ca ne nous aide pas ; parce qu'aujourd'hui on n'a pas encore de semences ni de boutures, nous étions obligé d'enlever tout le manioc dans le champ pour que ces éleveurs ne puissent pas les terminer en les donnant aux vaches. Aujourd'hui nos champs sont vides c'est pourquoi nous les femmes cultivatrices de kamanyola nous voyons que nous sommes en insécurité à cause des déstructions méchantes qu'ont fait ces vaches dans nos champs et qu'elles continuent à faire jusqu'à présent et ce qu'elles vont laisser comme situation quand elles vont revenir là où elles sont venues, et si réellement elles rentreront là. Or ces champs là, sont nos principales capitales de ressources qui nous permettent de payer les frais scolaires pour nos enfants, ces champs nous aident à trouver la nourriture à manger et à subvenir à d'autres besoins ménagers.
FAF: Nous venons de suivre qu'il y'a déjà de différentes mesures prises par certaines organisations de la société civile, Mr Bertin Zagabe, vous en tant que chef de poste d'encadrement à Kamanyola. Qu'est vous comptez faire pour que ces mesures soit respectées ?
Bertin Zagabe: Je pense que l'ensemble des mesures qu'on avait prises ont donné les fruits, parce que nous faisons les statistiques chaque semaine. Cela veut dire que le vétérinaire avant de quitter le lieu il doit savoir le nombre des vaches qui ont quittées et celles qui entrent. On était à plus ou moins 10 000 têtes mais aujourd'hui on est aux environ à moins de 1500 têtes. Cet acte d'engagement a permis à beaucoup des éleveurs et leurs vaches de se retirer de Kamanyola, comme par exemple le président des éleveurs il est déjà rentré à Bufulerho. Bien que toutes les vaches ne sont pas encore rentré mais cela constitue déjà un pas positif dans la résolution de ce conflit. J'ai donné un exemple qui s'est passé au moment où on faisait le suivi de l'acte d'engagement entre les éleveurs et les cultivateurs ; j'avais vu un jour une cultivatrice qui était venue se plaindre que les vaches ont abimées son champ et on est descendu sur terrain et on a remarqué que c'est vrai que ces vaches avait détruit le champ de cette cultivatrice, j'ai appelé l'OPJ et on a pu interpeler le responsable de ces vaches et il a été conscient de dégâts causés par ces vaches, mais il a justifié ces erreurs en disant que ces vaches on brisé leurs cage la nuit pour aller terminer leurs courses dans ce champs là. Et c'est qui s'en ai suivi est que ces deux personnes elles se sont rencontrées pour parler dialoguer et ils ont résolus le problème par un arrangement.
Et ce dernier temps on n'a pas encore ce genre de plainte de destruction des champs par les vaches et cela parce que il y'a eu réduction de ces vaches mais aussi ces éleveurs ont eux –même déclarés dans leur réunions qu'ils croyaient que pour 1000 têtes il fallait un éleveur comme là chez eux mais nous les avons imposés plus de 5 éleveurs pour 1000 têtes afin de mieux contrôlé ces vaches le long du parcours et ils ont respectés ça.et ce mesure là n'a pas terminé tout le problème il y'a réduction de ce dégâts causé par les vaches dans les champs de paysans. Je dirai que cet acte d'engagement qu'on avait signé ensemble avec les cultivateurs et les éleveurs à apporter des fruits. C'est peut être parce que maman Fatuma ne passe pas dans le Birato qui était plein des vaches pour constater que toutes ces vaches ne sont plus encore là. Il est vrai que durant le mois de juillet il y'avait eu beaucoup de destructions des champs et cela engendré un problème de manque de bouture à planter pour la population de kamanyola et cela sera vraiment un besoin majeur pour tout les paysans de Kamanyola.
FAF: Vous venez juste de nous parler c'est que vous avez fait à kamanyola, mais est ce que vous déjà fait des entretiens avec d'autres chefs de différentes localités, parce que le problème ne pas seulement à kamanyola, car nous avions recueilli aussi les doléances des femmes de Kiliba, Katogota et Luvungi et elles ont dit tous qu'elles ont ce même problème.
Zagabe: Vous savez, que lors ce que un homme est malade est qu'il ne parle pas au médecin de sa maladie, le médecin ne saurait pas comment le guérir. Nous avions recommandé aux autorités de garantir la sécurité dans la plaine de la Ruzizi pour ces gents aient le devoir de garder là, parce que parfois aussi ces cultivateurs sont des provocateurs, nous avions établi de couloir de passage pour les vaches mais il y'en a certains cultivateurs qui ont cultivé dans ce couloir de passage de bêtes et lorsque l'éleveur rencontre cela il sera obligé de commencer encore à contourner pour chercher le passage. Nous entendons l'ordre de mission pour établir encore ces couloires des vaches.
FAF: Mr jean Bosco SADIKI, ¿c'est pour quand la mise en application définitive de cet acte d'engagement que vous aviez établi avec les femmes cultivatrices ?
Jean Bosco SADIKI: Je pense que la solution sera définitive quand ces deux parties prenantes seront en mesure de bien respecter ces accords.
FAF: Mr SAIDI ALLO IBYA, vous en tant que membre de la société civile, ¿que pensez vous du rôle de tout un chacun pour trouver une solution afin d'éviter les conflits dans les jours à venir dans la plaine de Ruzizi entre les cultivateurs et les éleveurs.
SAIDI ALLO IBYA: Nous demandons à ce qui est une franche collaboration entre les cultivateurs et les éleveurs et l'Etat doit les accompagner dans ce processus afin d'établir le zonage pour déterminer ensemble les endroits appropriés pour la culture et les endroits de pâturage. Et qu'ils établissent aussi les chemins de passage des vaches pour boire de l'eau et qu'ils parviennent à respecter ça. Et comme proposition durable, nous voyons que dans notre milieu il y'a peu d'espace pour les pâturages vu le nombre élevé des vaches. C'est pourquoi il serait mieux que le gouvernement enseigne aux gens comment faire l'élevage en stabulation, que chaque personne au lieu d'avoir 50 vaches par exemple et qui vont produire 2 litres de lait par jour chacune, vaut mieux avoir 10 Vaches qui vont produire chacune 20 litres de lait par jour. C'est ce qu'on a déjà commencé à faire ailleurs comme au Rwanda, au Burundi et en Ouganda. Ils appliquent cet élevage parce que cette forme d'élevage produit mieux et ne gaspille pas beaucoup d'espace. Que l'Etat s'engage à enseigner cela aux gens.
FAF: M. Zagabe, chef de poste de kamanyola, qu'est ce qu'on peut faire pour amener une solution durable à cette question de transhumance qui apporte l'insécurité entre les cultivateurs et les éleveurs?
ZAGABE: Je pense qu´il faut qu'on rétablisse la paix dans la plaine de la Ruzizi car une fois la paix est rétablit tous ces éleveurs qui ont encore la peur de rentrer dans la plaine vont quitter kamanyola parce qu'ils savent que la paix est déjà assuré dans leurs milieux. Le deuxième élément c'est le respect de cet acte d'engagement par tout le monde, tout en essayant de résoudre le problème entre eux par la voie de la loi car il y a des OPJ dans le milieu pour résoudre ce dernier et ils doivent abandonner la voie de la justice populaire qui peut être une source de rébellion entre la population.
FAF: Et vous aussi JEAN BOSCO SADIKI, entant que l'un de membre des éleveurs, qu'est ce que vous pensez pour que vous et les femmes cultivatrices vous puissiez exercer votre métier dans la paix.
JEAN BOSCO: Il faut que le gouvernement nous rassure la paix dans la plaine de la Ruzizi, qu'il nous sécurise avant tout ; et voir aussi comment restaurer le pâturage du coté de BWEGERA jusqu'à LUBERIZI parce que dans ce milieu on trouve des sols sablonneux et des plantes fourragères. Mais aussi le fait que les femmes cultivatrices disaient que les éleveurs ont des armes c'est faux parce que lorsque nous avions demandé et nous apporté de témoignage concernant ce genre de situation mais jusque là on n'a jamais eu aucun témoignage de ce genre car il y a une justice pour ça, mais aussi le fait de dire que les éleveurs arrachent les maniocs dans le champs pour les donner aux vaches c'est aussi une fausse accusation car on n'a jamais attrapé aucun éleveur.
FAF: Maman FATUMA, quelle est votre mot de conclusion afin de vous aider vous en tant que femme cultivatrice dans l'exercice de votre travail?
Maman FATUMA: Je suis aussi contente de voir qu'ils ont compris que chez nous à kamanyola qu'il n'y a pas d'espace pour le pâturage c'est ainsi qu'ils ont demandé à l'Etat dans leurs allocutions de créer le pâturage de l'autre coté de kamanyola, cela montre que j'ai dit la vérité que dans notre milieu il n'y a pas vraiment d'espace pour ce couloir de passage des vaches. Et pour terminer ce dernier temps on n'a plus de bouture à planter dans notre milieu, c'est pourquoi nous demandons à des ONG de nous aider parce que cela sera un problème majeur là chez nous à kamanyola.
Emission présentée et Traduite par Eliane Polepole.
[1] Comprendre les conflits dans l'Est du Congo (I): la plaine de la Ruzizi. Rapport Afrique N. 206, p. 2. 23 juillet 2013. International Crisis Group, Belgium.