La Polygamie, l'abandon et l'irresponsabilité des hommes
Les femmes d'Ikoma et de Kamanyola, à Walungu dénoncent
07-02-2015 08:33:29
La polygamie est bel et bien une réalité dans certains coins de la province du Sud Kivu et les femmes affirment que c'est source d'insécurité pour elles. Femme au Fone a parlé de ce propos avec des femmes notamment dans le territoire de Walungu, concrètement au groupement d'Ikoma ainsi que de la cité de Kamanyola.
Dans ces deux coins de la province du Sud Kivu, ils sont nombreux les hommes qui épousent plusieurs femmes et qui se trouvent en insécurité face à cette situation.
IKOMA, la polygamie et l'abandon familial
Les femmes à Ikoma disent que la polygamie est l'un des facteurs qui les insécurisent, mis à part la pauvreté.
Les maris quittent leur famille souvent à la recherche des moyens pour nourrir leur famille et c'est de cette façon qu'ils abandonnent leurs femmes et épousent d'autres là où ils vont.
" Mon mari est parti voilà maintenant plusieurs années pour aller travailler dans un carré minier. Il m'a laissé seul avec les enfants et des que j'ai voulu apprendre de ses nouvelles on m'a dit qu'il avait déjà épousé trois femmes de ce côté-là", affirme une femme qui a préféré garder l'anonymat.
Elle continue à témoigner et, très indigné elle manque des mots pour exprimer son indignation: "je me sens très mal et cette situation me préoccupe vraiment. Il est partie en me laissant seul avec 6 enfants dont 4 filles. Dès lors aucune de ses nouvelles, je suis obligé seule à survenir aux besoins de la famille en cultivant le champ."
L'abandon familial est l'une des conséquences de la polygamie qui ronge les femmes du groupement d'Ikoma en territoire de walungu.
"Ce qui est curieux " ajoute la même femme, "il est un jour revenu à la maison pour recevoir la dot à l'occasion du mariage de notre fille, alors qu'il ne fournit aucun effort pour les nourrir ni les éduquer, il n'a qu'à rester la bas avec ses femmes."
NABINTU M'RWAGAZA, vit également le même problème sauf que pour elle, le mari est parti chez l'une de ses nouvelles femmes pour ne plus revenir.
Elle explique en ces termes:" pour survivre je suis obligé de mener quelques activités génératrices de revenus, et parfois je fais l'agriculture pour nourrir mes enfants au nombre de dix, dont cinq filles et cinq garçons, c'est trop dur mais nous sommes obligés, la polygamie n'est pas une bonne chose je vous assure".
Kamanyola: les hommes doivent cesser avec la polygamie
La situation ne semble pas être différente dans la cité de Kamanyola, plus au sud en territoire de Walungu.
Les femmes rencontrées expriment les mêmes inquiétudes suite à cette situation de polygamie qui les agacent et leur mettent dans une insécurité totale.
Elles sont également obligées de parcourir des kilomètres, cultiver des champs pour subvenir aux besoins des enfants après l'abandon des hommes suite à cette polygamie.
Chantal NTAKUBUSOKA explique:" ce phénomène de polygamie nous rend la vie difficile, nous n'arrivons pas à comprendre pourquoi nos maris nous quittent pour d'autres femmes, moi par exemple il est partie en me laissant avec les enfants trop petits, maintenant qu'ils ont grandi ils me demandent où est parti leur père, je leur explique qu'il est en voyage et qu'il reviendra."
Les femmes de Kamanyola que nous avons rencontré pensent que les hommes doivent cesser avec cette pratique qui met la femme en insécurité l'obligeant parfois de parcourir des kilomètres pour faire vivre la famille.
"Les hommes qui pratiquent la polygamie ne respectent pas les femmes, c'est impossible de vivre avec 3 ou 4 femmes alors que la situation sociale actuelle est difficile, nous sommes parfois obligées d'affronter les réalités de la vie pour survivre, nous traversons des problèmes parfois difficiles avec par exemple les bandits armés quand nous allons aux champs", explique Tabou MUKAMBILWA.
Position de la loi congolaise face à la Polygamie.
La polygamie est une infraction punissable par la loi, confirme l'avocat près la cours d'appel de Bukavu maitre Julien BISHIKWABO qui parle "du mariage entre un homme et une femme seulement reconnu par le droit congolais".
Le juriste estime que les femmes victimes de cette pratique doivent saisir la justice pour retrouver le mari où qu'il soit afin qu'il réponde de ses actes.
"Le droit congolais punit la Polygamie et l'érige en infraction, les coupables doivent être punis et réparer les préjudices causés à la femme et aux enfants. J'invite donc les femmes de Walungu victimes de cette pratique à saisir la justice pour obtenir réparation des préjudices causés."
Les autorités face à cette source d'insécurité des femmes et des enfants
Le chef de groupement d'Ikoma fait Etat de son soutien total aux femmes victimes de la Polygamie.
Il fait savoir qu'à maintes reprises il est intervenu dans ce genre des dossiers pour inviter les hommes à revenir à la raison et n'avoir qu'une seule femme tel que l'exige la loi.
"J'ai toujours intervenu à chaque fois qu'une femme d'Ikoma été victime de ce genre de situation, je pense personnellement que le manque d'emploi est également à la base de ce phénomène, parfois les hommes sont obligés de quitter leur famille pour aller chercher la vie.
Conséquence : ils rencontrent d'autres femmes", dit le chef de groupement KAMPARA MUNEGE Martin.
Il poursuit en disant que:" l'Etat doit s'investir pour octroyer de l'emploi aux jeunes surtout et éviter tout cela même si ce n'est pasune excuse pour les hommes".
La polygamie est alors illégale et punissable par la loi, qui reconnait seulement un mariage monogame. Si la pratique de la polygamie devient un abandon, on parle seulement du délit, mais aussi des responsabilités des hommes face à la famille, aux enfants et aussi à sa femme.
Dans tous les casrécoltés par FAF à Walungu, la polygamie est une d'autres formes d'insécurité à l'égard de la femme.
Elles sont nombreuses les femmes victimes de cela et qui parfois sont obligées de réaliser le dur pour subvenir aux besoins de leurs enfants après l'abandon de la famille par le mari.
Les autorités tant politiques que judiciaires devraient prendre en compte cette situation en appliquant sérieusement la loi et remettre la femme souvent victime dans ses droits.
Héritier BOROTO
Femme au Fone