“Supprimer le poste de garde militaire de Bibokoboko, s’il vous plait !” Demandent les femmes de Baraka.
19-12-2014 15:16:27
Le poste de contrôle militaire de Bibokoboko est devenu la source d'inquiétude et d'exploitation des femmes. Mis en place pour assurer la sécurité des personnes et de leurs biens, ce poste se transforme au grand étonnement de tous, en un calvaire pour la population, laisse entendre Mr Kalima Kelly, président de la société civile de Fizi.
Bibokoboko se situe à Baraka dans le territoire de Fizi au Sud-Kivu. La population vit essentiellement de la pêche, l'agriculture et de l'exploitation artisanale de l'or.
Cela fait environ cinq années que les autorités politico-militaires ont érigé des postes de contrôle à plusieurs endroits dans le territoire de Fizi pour palier au problème des coupeurs des routes et des bandes armées.
Souvent en proie des conflits armés, la présence militaire est au début, perçue ici comme salutaire et porteuse d'espoir.
Le salutaire devenu l'enfer! Témoignages des femmes victimes.
Les habitants de Baraka et plus particulièrement les femmes expriment déjà leur ras le bol. Elolo Marie, membre de l'Action des Femmes pour le droit et le Développement (AFD) témoigne : ces militaires eux-mêmes se choisissent des morceaux des maniocs dans mon panier ! C'est embêtant lorsqu'on passe toute la journée au soleil en train de travailler les champs pour finalement rentrer avec une portion à la maison.
Les militaires se permettent aussi d'infliger des traitements humiliants aux femmes lorsque celles-ci n'arrivent pas à répondre à leur désir. Ce jour-là je n'avais pas trouvé de manioc. Arrivée à cette barrière, un militaire s'est permis de me frapper parce que mon panier était vide et je n'avais pas non plus d'argent à lui donner, affirme une cultivatrice.
Comme si cela ne suffisait pas, pendant que les femmes attendent la récolte pour vente, les militaires se donnent le pouvoir d'aller aux champs puiser à la source à l'insu des femmes. Quel coup de théâtre ! Lorsque j'ai estimé qu'il était temps de la récolte, je me suis rendue à mon champ. Et aussitôt arrivée, j'ai remarqué des traces des chaussures des militaires et mon champ en partie dévasté! J'en fus grandement déboussolée, s'exclame Dorothée Sabina, une autre cultivatrice.
Contacté à ce sujet, le chargé des relations publiques de FARDC à Baraka, Kasua Masudi avoue n'avoir jamais reçu de plaintes à ce sujet.
Quant au porte-parole de la 33ème région militaire Simon Tubajike, il n'est pas exclus de dérapage, c'est une interpellation à l'endroit des militaires, il ne leur a jamais été demandé d'ériger des barrières de perception de taxes. Ils sont là pour protéger les personnes et leurs biens. Tout commandant qui sera attrapé dans ces tracasseries sera sanctionné sévèrement
De ce fait, les soucis manifestés par les femmes de Baraka des années durant, concernant leur sécurité aux champs n'est pas prise en compte par les autorités, censées assurer protection et sécurité. Pourtant, cette question est abordée dans le conseil de sécurité local de Baraka avec la société civile, les responsables militaires et autorités politico-administratives.
Les femmes s'impatientent d'attendre le changement maintes fois promis. Elles estiment que l'implication des autorités provinciales à Bukavu en vue de la suppression des postes de contrôle pourrait palier à ce problème. Que les militaires retournent dans leur caserne ! Réclament-elles à qui peut les écouter.
Maguy Buhendwa