Une « Future Search » pour l’avenir du baromètre dans le Sud Kivu
21-11-2014 08:52:40
Du 12 au 14 Novembre 2014 dernier, 60 femmes venues des tous les territoires du Nord et du
Sud-Kivu (Est de la R.D Congo) ont participé à un atelier sur la Future Search, un atelier de démarche prospective sur la paix et la sécurité quotidienne des femmes de ces deux provinces.
Pendant 3 jours, elles ont réfléchi sur le futur de leur paix et leur sécurité à trois différents niveaux notamment le passé, le présent et le futur. Pour la majorité de ces femmes, cet atelier a
été d'un grand bénéfice. Sa méthodologie a révélé son efficacité à plusieurs d'entre-elles.
A la clôture de l'atelier, Femme-Au-Fone a interrogé quelques participantes pour recueillir leur appréciation par rapport à la formation reçue mais aussi ce qu'elles en ont retenu.
Pour plus d'une participante, cet atelier a été une opportunité pour créer des relations entre femmes des deux provinces du Nord et Sud-Kivu mais aussi un partage d'idées sur la sécurité des unes et des autres.
Nouveauté de la méthodologie apprise, occasion d'auto-évaluation et prise de consciencedes efforts à fournir sont autant d'éléments que les participantes retiennent globalement de cet atelier de formation et qui, en plus de leur engagement à redoubler d'ardeur dans les actions qu'elles entreprennent déjà, reviennent dans les témoignages recueillis.
Une femme enseignante de Kabare le souligne en ces termes: « j'ai particulièrement apprécié le fait d'être en face des femmes des autres territoires du Nord et du Sud-Kivu et qui, visiblement, font face aux mêmes problèmes que nous à Kabare. Cet atelier a été pour moi, une opportunité pour créer des liens et des connexions avec elles ; ces connexions vont nous permettre de poursuivre avec courage et détermination notre lutte pour la paix et la sécurité des femmes de Kabare mais
aussi celle des femmes de nos deux provinces, parce que dit-on, l'union fait la force. »
Venue du territoire d'Uvira, une femme membre d'une association locale a confié : « L'atelier a été très enrichissant de par son contenu et sa méthodologie, qui est nouvelle pour moi.
C'est fut pour moi un temps pour les femmes de la base de réfléchir sur les réalités de leur vie quotidienne en vue d'en ressortir des histoires réelles qui les ont touchées, positivement ou
négativement et, de là, identifier des tendances qui troublent la paix et la sécurité de chaque jour. Je viens d'apprendre en tant que membre d'une association que je dois changer ma manière de travailler :plutôt que de chercher à responsabiliser les autres et attendre que la solution aux problèmes des femmes vienne des autres, je dois prendre mes responsabilités en main et réfléchir sur ce que je suis en mesure de faire moi, pour améliorer les conditions des femmes dans mon milieu. Je crois maintenant comprendre pourquoi nos projets n'ont pas d'impact sur le terrain ! ».
D'une participante native du territoire de Lubero dans le Nord-Kivu on a pu entendre « en plus de la méthodologie qui m'a beaucoup inspirée, je pars de cet atelier avec une conviction : les femmes
de la base sont des véritables leaders locales bien informées des réalités de leurs milieux. Avec des thèmes communs, je comprends que le Nord et le Sud-Kivu ont les mêmes problèmes. Cet atelier
fait renaître en moi l'espoir de voir un jour la paix et la sécurité revenir dans nos deux provinces car nous allons désormais travailler en fonctions de nos priorités communes».
Multiplier de telles rencontres qui informent et ouvrent des horizons n'a pas été l'oublié parmi les attentes formulées par les participantes.
« Cet atelier m'a donné l'occasion de réfléchir sur le futur de la paix et de la sécurité de nos provinces du Sud et du Nord-Kivu. Au-delà de la méthodologie qui est une nouveauté pour moi et une richesse, je sors de cet atelier avec de nouvelles propositions de projets à soumettre à mon organisation telles que la sécurité des femmes dans les ménages, la promotion des droits des femmes et leur vulgarisation» a déclaré une femme juriste venue de Bukavu.
Le cadre a coïncidé avec la préoccupation des femmes.
« J'ai été intéressée de voir que l'atelier a cadré avec la préoccupation actuelle de la femme du Nord et du Sud Kivu ainsi qu'avec l'objectif de Femme-Au-Fone à savoir, la paix et la sécurité des femmes. J'ai particulièrement trouvé la méthodologie très adaptée et participative. Je pars de cet atelier décidée à capitaliser ces acquis en travaillant cette fois-ci en connaissance des causes et, à cause de la connaissance, en faveur de la paix et de la sécurité des femmes de mon territoire. Rien ne sert à s'attarder sur notre passé sombre, ce qui importe maintenant pour moi, c'est de mettre en valeur ce que je suis à mesure de faire pour le bien de ma communauté», propos d'une femme activiste de droit de l'homme venue du territoire de Beni (N-K).
Pour certaines participantes, l'atelier fut aussi un moment d'autoévaluation.
Une journaliste venue de Butembo, une ville au Nord de Goma, chef-lieu de la province du N-K, l'a confirmé en ces termes : « C'est qui m'a exceptionnellement émerveillé et qui m'a beaucoup édifié, c'est la méthodologie :le fait d'écouter les préoccupations des femmes de la base sur la question qu'on veut résoudre afin d'améliorer les conditions des femmes en général. Cet atelier a été pour moi une occasion d'apprendre à m'évaluer face à mon travail de femme leader en relevant ce dont je suis fière et ce que je regrette de n'avoir pas fait pour améliorer les conditions sécuritaires des femmes. Ce que je compte faire dans l'avenir, c'est de transformer ce qui ont été jusque-là mes faiblesses, en opportunités pour être plus efficace et contribuer davantage à la lutte pour un futur meilleur pour la femme».
Organisé par Cordaid à Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu, dans le cadre de l'élaboration du baromètre des indicateurs de la paix et de la sécurité des femmes du Sud-Kivu, l'atelier
sur la Future Search a consisté à une séance de travail avec les femmes de la base appartenant à trois organisations partenaires de Cordaid notamment, Synergie des Peuples pour la Réconciliation
des pays des grands lacs(SPR), Radio Maendeleo et Association des Femmes des Médias du Sud-Kivu (Afem S-K). Femme-Au-Fone, un projet exécuté par ces trois organisations et coordonné par WorldCom-LolaMora, a fait partie de l'équipe de planification et de facilitation de l'atelier.
Par Judith Cuma, journaliste de AFEM-SK / Femme-Au-Fone (FAF)
et facilitatrice à l'atelier sur la « Future Search ».