Masisi: des familles qui survivent grâce aux pierres et au sable.
06-11-2014 11:58:02
Les affrontements qui ont opposé l'armée congolaise et les miliciens de l'Alliance des Patriotes pour un Congo Libre et Souverain (APCLS), alliés aux miliciens Nyatura depuis près de 10 ans, n'ont pas épargné cette femme du Nord Kivu rencontrée par Femme-Au-Fone (FAF), dans le Territoire de Masisi.
Mère de quatre enfants et tous déplacés de guerre, Thérèse vit dans le camp de déplacés de Kilimani à Masisi depuis déjà 3 ans. Loin de son village et de ses champs, elle travaille comme transporteuse de sacs des pierres sur des chantiers de construction de maisons pour survivre et nourrir ses enfants.
Depuis près d'une année, le Programme Alimentaire Mondial (PAM) a réduit la fréquence de ses interventions dans le camp des déplacés de Kilimani pour motif de manque de fonds. « Les guerres n'en finissent pas et cette situation décourage les partenaires dans leur volonté d'aider la RD-Congo », explique Axel Zangio, chef des programmes de gestion des camps de déplacés au sein de la Commission Nationale pour les Réfugiés (CNR) au Nord-Kivu.
En reportage sur place, FAF a pu observer combien les conditions de vie des déplacés sont pénibles, voire inhumaines, comme nous le montre le quotidien de Thérèse : « Chaque jour, je dois me réveiller à cinq heures. Mon travail concerne à aller chercher des chantiers de construction de maison pour sollicite le travail de transporter des pierres. La raison qui a fait à ce que je me donne à ce travail est que depuis un certain temps, le PAM a cessé de nous apporter de vivre. Mes deux derniers enfants âgés de deux et trois ans ont connu la maladie de malnutrition et les deux ainés se livrent aux vols dans le quartier. C'est embêtant comme vie ! ».
Les travaux qui me tuent au jour le jour
« A la fin de la journée je peux gagner 1500 ou 2000 francs congolais. Au moins les enfants vont trouver de quoi manger le soir ! Mais je peux vous assurer que ma santé est exposée. Si pas trois sacs de sable, c'est trois sacs des pierres tous les jours. Le soir, quand je rentre à la maison, je sens que mon organe génital va sortir et passer par mon vagin. Je le sens lorsque je prends ma douche. L'année dernière, j'ai fait une fausse couche et le médecin m'a dit que cela était dû au lourd fardeau que je transporte chaque jour ».
Cette situation n'est pas propre à notre interlocutrice. « Sur 395 ménages, seulement 43 reçoivent des vivres », nous explique un de responsable du camp de Kilimani. Pour Thérèse, son seul souci et sa plus grande aspiration est de rentrer dans son village et de cultiver ses champs en paix, et ainsi retrouver encore la joie de vivre sa vie de paysanne.