La dollarisation de la dot au Sud-Kivu
28-10-2014 10:59:38
Dans plusieurs villages de la province du Sud-Kivu, il est reporté que les femmes subissent de nombreuses violations de leurs droits en raison du fait que les hommes ont versé un montant représentant la dot à la famille de la future épouse.
« Le Code de la famille congolais mentionne le mot dot au moins 30 fois. Cela prouve que le législateur congolais insiste sur la dot » explique maitre Wivine Kavira.
Dans plusieurs villages de la province du Sud-Kivu, il est reporté que les femmes subissent de nombreuses violations de leurs droits en raison du fait que les hommes ont versé un montant représentant la dot à la famille de la future épouse.
« La dot à payer dans le cadre du mariage coutumier a pris un caractère commercial dangereux. Il faut satisfaire aux revendications des parents de la future épouse pour se marier avec celle que vous aimez », relate une auditrice dans un message adressé à Femme Au Fone (FAF).
Il est vrai qu'actuellement la dot perd sa valeur. A l'origine, cette coutume avait pour objectif de renforcer davantage les liens entres les familles. Dans plusieurs tribus de la province du Sud-Kivu, à l'Est de la RDC, pour célébrer un mariage, la famille du futur époux doit verser la dot à celle de la future épouse. Une pratique pourtant critiquée et vue d'un mauvais œil par certains hommes et certaines femmes.
Aujourd'hui, certains observateurs décrivent ce qu'ils considèrent comme « prix d'achat », « prix de vente » et « bénéfice » liées au processus de mariage coutumier.
« Ça devient un trafic! On sait que la dot est un cadeau. Quel est ce montant qui équivaut à la valeur d'une personne ? Ma fille possède une licence, ma fille m'a coûté des fortunes pour qu'elle soit ce qu'elle est maintenant. Tels sont les propos que nous tiennent les parents de la fille », dit à FAF un homme indigné.
Le Code de la famille en son article 641 stipule que la famille du futur époux doit se convenir du montant à verser dans la famille de sa future épouse. Sinon la célébration du mariage n'a pas lieu. Mais depuis quelques années, les belles-familles demandent des sommes de plus en plus élevées et inquiétantes.
Ce qui va à l'encontre des valeurs traditionnelles, selon les observateurs. En principe, la dot est symbolique. Elle peut être évaluée en argent, en espèces ou en d'autres biens en nature, sans dénaturer la dot.
« Au foyer, mon mari ne me considère pas. Il estime m'avoir acheté. A chaque fois que je lui dis que je suis fatiguée et que je ne suis pas en mesure de réaliser tel ou tel autre tâche au sein du ménage, il me dit que je lui dois bien cela. Il me dit que je n'ai pas encore épuré ce qu'il avait donné à mes parents » témoigne une femme désemparée et désillusionnée par son mariage.
Concernant la question sur la dot, plusieurs propositions ont été adressées.
« Ça pourrait aussi être mieux si les parents de la fille lui remettaient aussi une somme d'argent pour qu'elle aille par la suite commencer sa vie. Cela pourrait aussi contribuer à la sécurité de leur fille dans le foyer », suggère une femme au micro de FAF.
Vue que les députés nationaux ont dans leurs attributions l'élaboration des lois au niveau national, plusieurs messages envoyés par les hommes et les femmes à travers le système de FAF suggère que « le législateur règlemente davantage la dot pour que la femme ne soit plus apparentée à un objet appartenant à l'homme, ou qu'il s'oriente vers la suppression définitive de cette coutume ».
Maguy Buhendwa