L'exploitation des filles mineures dans les ménages en RDC est interdite par la loi.

25-09-2014 08:59:40

L'exploitation des filles mineures dans les ménages est une réalité à Bukavu d'après les SMS reçus au système Femme au Fone FAF. Ces travaux sont exécutés par des filles qui sont parfois obligés d'abandonner les études à cause de la pauvreté dans leurs familles. Les défenseurs de droit de l'homme dénoncent cette pratique car la législation congolaise ne consacre en aucun le travail des mineurs.

Organiser des travaux ménagers dans des foyers est une pratique commune au Sud-Kivu, en République Démocratique du Congo. C'est notamment, la lessive des habits et des objets de cuisine, la cuisine proprement dite, l'entretien de la maison ainsi que la garde d'enfants pour ceux qui en ont.Mais cette liste n'est pas exhaustive dans le sens que d'autres travaux augmentent avec le temps.

Souvent et comme de coutume dans certains ménages de Bukavu ces travaux sont effectués par une personne communément appelé domestique, qui désigne celui qui passe toute la journée à la maison.

Dans la plupart des cas, cependant, ces travaux sont exécutés par des filles, en majorité des filles mineures, et qui sont parfois obligés d'abandonner les études pour trouver les moyens de survivre.

Ce qui ouvre encore le débat sur la question de travail des mineures, mais aussi le genre des travaux que peuvent réaliser les filles.

Travail domestique pauvreté et scolarisation

Partant des messages reçus au système femme au Fone, les avis des habitants restent partagés par rapport à cette question même si la majorité dénonce cette pratique d'utiliser des filles mineures dans des ménages car, selon elles sont insécurisées.

Parmi les 20 messages reçus au Système Femme au Fone en l'espace de 3 jours, dix ont estimé que l'exploitation des filles mineures dans les ménages constitue une autre forme d'insécurité à l'égard de ces filles pourtant appelés à étudier pour préparer leur vie future.

C'est par exemple ce message que nous avons reçu en provenance du territoire de Walungu:"Ici chez nous la plupart des filles n'étudient pas par manque des moyens. Souvent leur âge varie entre 12 et 17 ans, elles sont obligés d'abandonner le toit familial pour aller travailler dans les familles au niveau de la ville, ce qui diminue le taux de scolarité des jeunes filles dans notre milieu."

Un autre message, par contre, précise que la plus grande raison c'est le manque des moyens des parents qui sont appelés à faire étudier leurs enfants.

Un message provenant de KABARE affirme: "les parents n'ont pas assez des moyens pour envoyer leurs enfants à l'école. La plupart d'entre eux n'ont pas du travail et ceux qui en ont ne sont pas payés. Conséquences, ils sont obligés d'envoyer leur filles en ville pour voir s'ils peuvent survivre du peu qu'elles gagnent là bas."

D'autres messages disent que ces filles mineures sont des fois trompées facilement par leur "patron" une fois en ville.

"Ces filles mineures quand elles sont courtisées par ces adultes, acceptent facilement et sans condition", affirme un message d'un auditeur de la ville de Bukavu.

Réactions aux messages du système FAF

Les experts au studio ont appuyé les idées des auditeurs contenues dans les messages envoyés au système femme au Fone.

La sociologue, Rachel BAZARQUE affirme à FAF qu'au vue de la façon dont ce phénomène prend de l'ampleur, "il est temps que la société s'en débarrasse pour éviter le pire parce que la société n'a pas besoin de ce genre des pratiques."

Pour Rachel BAZARQUE, en exploitant les filles mineures dans les ménages « la société enregistre une perte énorme en ce sens que ces filles, au lieu d'étudier effectuent des travaux non conforme à leur capacité. C'est une couche importante de la population qui souffre et que cette situation insécurise la jeune fille en question sur le plan social.

"Socialement cette pratique est à bannir car elle ne fait que détruire nos filles", a- t- elle conclu.

De son coté la représentante de l'association, AFIDEP, qui encadre les filles victimes de ce genre des violences, Cécile MAOMBI, affirme que l'important est "d'accompagner ces filles pour qu'elles comprennent le bien fondé de ne pas être exploitée dans les ménages et leur conseiller de plutôt retourner à l'école pour celles qui les peuvent".

Celles qui ne sont en mesure d'étudier suite, soit au manque des moyens financiers soit au manque de capacité intellectuelle, « sont encadrées par son association où elles apprennent certains métiers professionnels comme la coupe couture, la cuisine, ou la maçonnerie...

Cécile MAOMBI invite les adultes à ne plus utiliser les filles mineures dans les ménages car selon elle," leur place c'est plutôt à l'école à l'instar d'autres enfants".

Le juriste et défenseur des droits de l'homme Maitre Justin BAHIRWE affirme que la législation congolaise ne consacre en aucun cas le travail des mineures, même si c'est un droit fondamental des enfants consacré dans des conventions internationales comme la loi de 2011 sur la protection de l'enfance.

Mais il existe une nouvelle réglementation en RDC qui estime que les mineures peuvent cependant effectués des stages de professionnalisation dans des troupes de théâtre, ils peuvent effectuer "des travaux" d'apprentissage comme la coupe couture et la menuiserie mais ceci sous l'aval par écrit de leurs parents ou de leur tuteur.

Maitre Justin BAHIRWE parle d'une « interdiction formelle de la loi à faire travailler même les adultes dans des ménages sans contrat de travail, à fortiori une mineure".

Tous les experts consultés par FAF sont catégoriques : l'exploitation des filles mineures dans les ménages au Sud Kivu est une pratique à bannir.

Même si l'une des principales raisons est la pauvreté des parents qui ne savent pas subvenir aux besoins de leurs filles, surtout sur le plan scolaire, cela ne doit en aucun cas justifier le travail des ces filles dans les ménages.

D'ou une interpellation aux autorités pour mettre fin à cette pratique qui insécurise la femme congolaise en générale et sud kivutienne en particulier.

Héritier BOROTO