Sud Kivu: De l'eau potable pour tous, une demande des femmes de Walungu

20-09-2018 10:35:31

La pénurie d'eau à Walungu inquiète de plus en plus les habitants de Walungu et plus particulièrement les femmes. Les membres du groupe Femme au Fone rencontrés ce mois de septembre affirment qu'il y a des sérieuses difficultés pour les familles à faibles revenu d'accéder à l'eau potable car il y a des bornes fontaines qui ne font plus couler de l'eau .Ils appellent les chefs locaux à trouver une solution à ce problème qui insécurise les femmes.

«Cela fait environ 6 mois que l'eau ne coule pas de mon robinet, je me sens mal à l'aise d'aller chercher de l'eau chaque jour . Il y a plus d'une année dans notre territoire il y a eu un tremblement de terre et après quelques mois il y a près de 7 sources d'eau qui ont tari, je ne sais pas si c'est cela le problème. Alors c'est tout un problème pour avoir de l'eau potable ici dans mon village» raconte Edith Kokere Femme défenseuse de droits des femmes dans ce territoire et membre de Femme au Fone.

«Moi cela fais presqu'une année que l'eau ne coule pas de mon robinet. Et pourtant il y a des personnes qui ont leurs moyens financiers, ils construisent leurs maisons et puis ils ont de l'eau chaque jour chez eux. Nous qui avons peu de moyens, nous souffrons et pourtant nous payons les deux dollars demandé par le comité de maintenance de l'eau ici. Ce n'est pas juste!» Se plaint Nzigire SHEKEZA membre du noyau du noyau club d'écoute d'AFEM

Un danger pour la jeune Fille et la Femme

Puiser de l'eau est un travail beaucoup plus réservé aux filles et femmes selon la répartition des taches ménagères liées aux coutumes dans ce territoire. Il y a certains jeunes garçons qui accompagnent leurs sœurs à la source mais ce sont plus les filles qui se réveillent très tôt le matin à 4 heures ou 5 heures du matin pour aller chercher de l'eau à la source. Une situation qui impacte même sur leur assiduité aux études.

« Je suis enseignante à Mushinga, les élèves filles arrivent en retard en classe de fois à 9 heures au moment où nous commençons à 7H 45. Vous voyez la petite fille en classe déjà fatiguée, quand vous demandez ce qui ne va pas, elle te répond qu'elle s'est réveillée très tôt pour aller d'abord chercher de l'eau. Elle ne peut pas bien suivre les cours en classe étant épuisées» annonce Mélanie Ruhamya enseignante à l'école à Mubumbano, un village du territoire de Walungu.

Des femmes ainsi que d'autres membres de la communauté sont également victimes des infections urinaires, fièvres typhoïde et d'autres maladies hydriques fait savoir une infirmière à l'hôpital FSKI de Walungu Immaculée Nzigire.

«A cause de cette pénurie d'eau nous enregistrons des enfants qui souffrent des gastro-entérite c'est à dire une infection du tube digestif qui cause la diarrhée, les vomissements chez les enfants . Tout cela par manque de l'eau propre. » Renchérit l'infirmière Immaculée Nzigire

Une solution envisageable

Contacté par Femme au Fone , un membre du comité de maintenance de l'eau à la chefferie de Walungu Monsieur Chiraba Pascal reconnait que la pénurie en eau est un problème réel vécu ces jours dans cette partie du Sud Kivu. Il explique que le tuyau qui est utilisé actuellement a été installé aux années 1952 à l'époque coloniale et que le débit de captage est très faible par rapport à la demande de la population. «C'est possible d'avoir de l'eau si nos chefs locaux s'impliquent en allant vers les organisations qui peuvent appuyer ou au niveau de la chefferie pour une bon entretien des nos bornes fontaines. Il y a quelques mois FHI nous a aidé avec la réhabilitation de quelques adductions d'eau mais il y a celles qui ne nous donnent plus de l'eau» fait savoir Mélanie Ruhamya institutrice à Walungu.

Mélanie Ruhamya lance un appel aux organisations humanitaires et internationales qui interviennent dans le domaine d'aide en eau de les accompagner pour la construction d'autres bornes fontaines ou la réhabilitation de celles qui ne sont plus fonctionnelles, dans des coins en besoin dans ce territoire. Pascal Cirhaba indique que des pourparlers sont encours avec la Monusco et l'organisation non gouvernementale FHI pour les soutenir avec les outils nécessaires pouvant aider à capter l'eau afin que les habitants en bénéficient comme il y a quelques années.

Par Eliane Polepole