Elections 2015 : Peut-on parler d'une course perdue d'avance?

Eliane POLEPOLE, Femme au Fone journalist

16-10-2015 21:43:52

Sur mille cent quarante et un (1.141) candidats engagés dans la course aux élections provinciales au Sud-Kivu, on compte 133 femmes seulement, soit 11,65 % des femmes. Ce chiffre a été rendu public par la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), après l'opération de sélection des candidatures recevables aux élections provinciales. Dès lors se pose la question du respect des engagements pris par les dirigeants congolais à travers les textes pour accroitre la représentativité des femmes.

Longtemps préconisé, jamais réalisé

Depuis l'adoption et la promulgation de la constitution en 2006, qui prône la participation des femmes à son article 14, le respect de la parité exigée à cet article reste un défi pour les dirigeants congolais. La preuve en est que la loi électorale votée en Février 2015 n'exige pas la mise en œuvre de cette parité ! « Chaque liste est établie en tenant compte de la représentation paritaire homme-femme et de la promotion de la personne avec handicap. La non réalisation de la parité homme-femme ou, la non présence d'une personne avec handicap ne constitue pas un motif d'irrecevabilité de la liste concernée », dispose l'article 13 de cette loi électorale à son alinéa 3.

Une opportunité d'écarter les femmes!

« Le président de mon parti politique disait que les femmes qui se sont présentées comme candidates ne sont pas fortes et influentes comme le sont les hommes, elles ne vont pas nous remporter des sièges (...) à quoi bon les aligner sur la liste ? Peut-on parler d'une course perdu d'avance?» S'interroge une femme ayant requis l'anonymat et dont le nom n'a pas été retenu sur la liste de son parti politique.

La loi électorale ne favorisant pas le respect de la parité aux élections, les partis politiques s'en sont servis pour écarter les femmes. Dans une analyse faite par l'Observatoire de la Parité en juillet 2015, sur 147 partis politiques de la province du Sud-Kivu, seulement 56 ont déposé des listes électorales avec une moyenne de deux femmes sur chaque liste. « Cette loi électorale est une véritable distraction pour matérialiser la parité! Si on disait par exemple que la non réalisation de la parité homme-femme ou la non présence d'une personne avec handicap constitue un motif d'irrecevabilité de la liste concernée, les responsables des partis politiques se sentiraient dans l'obligation d'aligner les femmes sur les listes. Mais comme ce n'est pas le cas, les partis ont encore écarté les noms des femmes et pourtant elles sont présentes et actives dans les partis politiques », explique Aimé Jules Murhula, secrétaire du Parti Congolais pour le Progrès (PCP), parti qui a aussi aligné deux femmes sur sa liste électorale aux élections.

Sur tout le pays, 23.518 candidats ont déposé leurs candidatures auprès de la CENI dont 1.988 femmes, soit 11, 4 %. Qu'attendent les dirigeants congolais pour appliquer la parité homme-femme, pour améliorer l'accès des femmes aux postes politiques? S'interrogent les militantes des droits des femmes.

Mobilisées, les femmes se disent prêtes à soutenir les candidatures acceptées

Malgré le faible nombre des femmes sur les listes électorales, les organisations de défense des droist des femmes au niveau internationale et nationale se mobilisent à travers leurs programmes pour amener les hommes, les femmes et les jeunes à voter pour ces candidates qui ont été retenu sur les listes électorales. Déjà la campagne dénommée « Rien sans les femmes ! » a contribué au vote de la loi sur la parité. Reste à soutenir ces femmes qui ont été retenu sur les listes électorales.