Les femmes dénoncent ces hommes qui séparent les mères de leurs enfants !

03-10-2014 09:37:38

Certains hommes dans les territoires du Sud-Kivu, après avoir engrossé une fille, sans avoir assisté cette fille pendant sa grossesse, veulent récupérer l'enfant auprès de sa maman, même petit et parfois sans consentement de la mère ; cette situation inquiète plus les femmes de Sange, Kamanyola, et Luberizi dans la plaine de la Ruzizi.

Ces femmes qui se sont confiées à Femme au Fone s'interrogent sur la garde des enfants en cas d'absence de mariage entre parents. Elles sont en confusion sur cette question surtout lorsque le père biologique n'a pas assumé ses responsabilités paternelles et qu'il vient récupérer son enfant après.

Et alors pourquoi arracher un enfant à sa mère sans son consentement ? Ce qui se passe souvent, le père biologique donne une vache ou une chèvre (cela dépend d'une coutume à l'autre) à la famille de la fille et dit qu'il veut vivre avec son enfant si ce dernier était gardé par la mère et qu'entre eux il n'y a pas de mariage civil.

« Je suis tombé enceinte, j'ai eu mon enfant, je l'ai élevé toute seule sans l'apport de son père. Après un temps, je n'étais plus en mesure de le prendre en charge. Après avoir donné une chèvre à ma famille, le papa a récupère son enfant qui avait déjà 3 ans et dès lors je ne peux plus voir mon enfant, je n'ai même pas le droit d'aller le visiter, cela me fait très mal » témoigne une femme de Kamanyola au micro de femme au Fone.

Pour bien grandir et s'épanouir, l'enfant a besoin de l'apport du père et de la mère. Dans la famille qui est la cellule de base de la communauté, l'enfant y rencontre ces parents qui l'aident à se sentir une personne responsable et un être indispensable dans la société. A défaut du père, la maman élève seule ses enfants. Cependant, cette question pose parfois problème dans certains territoires du Sud-Kivu car il y a certaines coutumes rétrogrades qui pensent que la femme ne peut pas elle seule élevée son enfant.

Et pourtant l'article 648 du code de la famille précise que « les père et mère ont l'obligation de nourrir, entretenir et élever leurs enfants. A défaut par l'un d'eux de remplir cette obligation, l'autre ainsi que le ministère public ont une action en pension alimentaire ».

« Lorsque par exemple un homme a engrossé une fille, puis il nie complètement que c'est ne pas lui le père de l'enfant et que par après quand la femme va mettre au monde, quelques années après, il trouve que l'enfant lui ressemble, il vient le réclamer, la femme peut refuser que ce n'est pas lui le père de l'enfant » fait savoir maitre Bisimwa Ntakobajira, avocat au barreau de Bukavu et responsable de l'ONG OCET.

Dans cette situation, même si il n'y a pas mariage, la femme est dans une situation de force parce que l'homme qui se dit être le père doit montrer la preuve que c'est lui le véritable père biologique de l'enfant.

Que dit le code de la famille congolais ?

Dans le code de la famille, différents articles évoquent la responsabilité du père et de la mère sur la garde de l'enfant. Et prévoit des sanctions pour l'un des partenaires qui fuit ses responsabilités des parents. Il précise les conditions dans lesquelles la femme ne peut pas assurer la garde de l'enfant. Même un enfant né hors mariage a droit d'avoir un père. Ceci est énoncé à l'article 614 de cette façon :

« Tout enfant né hors mariage doit faire l'objet d'une affiliation dans les douze mois qui suivent sa naissance.

Passé ce délai, l'affiliation ne pourra se faire que moyennant paiement d'une amende allant de 1.000 à 5000 Congolais.

Si le père refuse d'affilier son enfant né hors mariage et lorsque l'action en recherche de paternité est déclarée fondée, le jugement vaut affiliation et mention en est faite dans l'acte de naissance de l'enfant.

Dans ce cas, le père sera puni d'une peine de servitude pénale de 10 à 30 jours et d'une amende de 5.000 à 10.000 Congolais ou de l'une de ces peines seulement ».

La femme elle-même peut aussi entamer une procédure judiciaire de recherche de paternité pour son enfant, l'article 639 précise ceci : « Lorsque l'action est déclarée fondée, le tribunal peut, à la demande de la mère ou du ministère public, condamner le père au remboursement de tout ou partie de frais de gésine et d'entretien pendant les neuf mois de la grossesse et tout le temps qui a précédé l'affiliation. Toutefois, le père reste soumis aux dispositions de l'artic1e 614 alinéa 4 ».

Risque d'être traumatisée

La femme a besoin d'une considération dans tout et en tout dans la famille et dans la communauté, elle ne doit pas être prise comme utile juste pour avoir l'enfant et être rejetée par après.

Le psychologue Jacques Matabaro informe à cet effet : « Lorsque la communauté exige à la femme de donner son enfant au moment où le père a fuit ses responsabilités dès le départ, cette femme sera traumatisée car psychologiquement elle croira qu'elle a juste était utilisé par l'homme pour avoir un enfant ».

« Cette situation crée des perturbations dans la vie de certaines femmes, elles peuvent devenir réticentes à l'égard des hommes, d'autres restent avec des blessures intérieures durant toute leur vie » ajoute le psychologue.

Des messages arrivés au système Femme au Fone condamnent les pères biologiques qui viennent prendre leurs enfants au près de leurs mères sans leur consentement. Ils estiment que les hommes devraient dans de tels cas agir avec prudence car l'avenir de l'enfant aussi en dépend. Il en va de l'intérêt du père et de la mère de laisser l'enfant grandir là où il est bien protégé et là où il a une affection parentale.

Eliane POLEPOLE