« Aux femmes de briser la peur et aux hommes de considérer les femmes comme leurs semblables »

Sud Kivu : la police en charge de la protection de la femme et l’enfant à Fizi parle des violences à l’égard de ces derniers

15-12-2014 12:40:13

Sur le plan structurel du point quatre du plan d'action national de la République Démocratique du Congo sur la Résolution 1325 des Nations Unies, il est stipulé « qu'à travers les toutes les provinces y soit créer une unité de police spéciale pour la protection de la femme et de l'enfant ». Ce qui est déjà pratique sur terrain dans la province du Sud Kivu.

Dans le territoire de Fizi, cette police sous la responsabilité du Colonel Christine MALONGA concentrait ses activités dans la cité de Baraka.

Dans la cité de Fizi-centre à environs 36 kilomètre de la cité de Baraka, les femmes et les enfants ne sont pas épargnées des multiples violences posées à leur égard. Depuis fin octobre dernier, l'unité spéciale de la police pour la protection de la femme et de l'enfant est présente aussi dans la cité de Fizi-centre pour comprendre sa situation sécuritaire et contourner ces fléaux.

Colonel Christine MALONGA est responsable de cette police dans la cité de Fizi, voici ces propos dans cette interview avec Femme au Fone (FAF):

Colonel Christine : La situation actuelle de la femme est telle que les femmes sont violées n'importe quand et massivement, des mariages et grossesses précoces pour les filles mineures, les femmes qui sont battues par leurs maris, les enfants qui ne jouissent pas de leurs droits fondamentaux,...et c'est dans ce sens que nous intervenons pour aider les femmes et les enfants.

FAF : comment se présentent les statistiques de toutes ces violences pour cette année qui tend vers sa fin ?

Colonel Christine : Merci. Les statistiques en chiffres je ne les ai pas ici avec moi, mais retenez tout de même que les femmes ont dénoncé plusieurs abus qui portent atteinte à leur sécurité pendant que nous étions encore entrain d'exercer seulement à Baraka. Ces dénonciations portent plus sur le viol, les maris qui répudient leurs femmes, les maris qui abandonnent leurs familles, les parents qui ne veulent pas scolariser leurs enfants filles.

FAF : Est-ce que les femmes ont le courage de venir à la police pour dénoncer les cas d'abus dont elles sont souvent victimes que ca soit dans leurs ménages ou leur société ?

Colonel Christine : Bien sûr elles viennent. Mais ici à Fizi centre, les femmes ne savaient pas encore que le bureau de la protection de la femme et l'enfant était déjà installé ici. Alors ici elles sont peu qui se présentent pour dénoncer mais à Baraka ou nous étions depuis longtemps, là les femmes viennent trop souvent. Je pense que lorsque je serai ici aussi pour un temps suffisant, les femmes vont nous saisir, que les organisations de droit de l'homme et femmes elles mêmes sensibilisent les femmes pour qu'elles viennent dénoncer les cas dont elles sont victimes, ce n'est pas bon qu'elles continuent à cacher cela.

FAF : Depuis quand êtes vous installés ici à Fizi centre.

Colonel Christine : cela fait deux semaines que nous travaillons ici

FAF : Et depuis ces deux semaines, par ou avez-vous commencé pour inciter les femmes à venir dénoncer ?

Colonel Christine : dans ces deux semaines ce que nous avons fait jusqu'ici c'est comme je le fais avec vous, donc à travers les médias nous appelons les femmes. Depuis lors, j'ai reçu juste un cas d'abandon de famille à LUKUNGO. Nous avons résous le problème, et nous comme police de protection notre but n'est pas que la femme se sépare de son mari, nous voulons qu'ils s'entendent pour le bien de leurs enfants.

FAF : et lorsque vous recevez ces cas, comment aidez vous les femmes ?

Colonel Christine : premièrement nous leur donnons courage, nous leur donnons ensuite la parole pour qu'elles s'expriment et nous procédons a la réconciliation du couple car c'est ce qui compte le mieux. Nous allons également jusqu'à la justice si dans les faits il ressort des préjudices pour que l'auteur soit puni conformément à la loi.

FAF : il y a des fois ou vous saisissez la justice en faveur de la femme et que cette dernière soit rétablie dans ses droits ?

Colonel Christine : oui plusieurs fois.

FAF : quel message de votre part aux femmes et aux hommes qui vous écoutent ?

Colonel Christine : moi comme police de la protection de la femme et de l'enfant je demande aux femmes de briser la peur et de venir à notre bureau pour dénoncer les cas dont elles sont victimes, aux hommes de considérer les femmes comme leurs semblables mais aussi que les femmes respectent leurs mari et les maris fassent de même envers leurs femmes.

Interview réalisée par Raïssa KASONGO, journaliste du projet Femme au Fone/Sud Kivu