Femme au Fone : l’ivresse du mari, source d’insécurité pour la femme au foyer

06-09-2017 10:24:03

Femme au fone dans sa première phase avait produit deux rapports sur la sécurité de la femme au Sud Kivu. Dans ces deux rapports, les violences domestiques ont pris une place considérable et parmi les causes signalées il y a la question de l'ivresse déclaré de certains maris.

Aussi, la Commission Diocésaine Justice et Paix CDJP de Bukavu a mené une étude sur les violences domestiques dans cinq paroisses de l'archidiocèse de Bukavu où elle intervient à savoir la paroisse de Panzi, de Chai, de Burhiba, Nyantende et Mbobero ; et suivant les conclusions de cette étude, Me Augustin Murhula du cabinet d'avocat qui s'est occupé de cette étude précise que 60% des femmes approchées dans cette étude ont indiqué que les violences au sein du foyer qu'elles vivent sont souvent occasionnées par l'ivresse de leurs maris.

Ces femmes ont indiqué que cette situation détruit l'harmonie de leurs foyers et l'estime de la femme dans la société car se sont des bagarres et des injures qui se suivent une fois le mari est ivre.

Les boissons fortement alcoolisées à la portée de toutes les bourses

Suivant les contenus des SMS reçus par le système FAF, les maris qui vivent ce calvaire de l'ivresse sont souvent ceux là qui prennent des boissons fortement alcoolisées et n'arrivent pas à se contrôler.

Dans les différents territoires de la province du sud Kivu, les femmes et hommes qui correspondent avec Femme au fone à travers les SMS, précisent que les bières modernes de l'usine Bralima[1] et autres coutent chers par rapport au cout de vie de la population rurale.

Cet ainsi que les hommes recourent à des boissons fabriquées localement à base d'ananas, bananes, riz, canne à sucre, maïs, sorgho, palme,...car ces boissons sont accessibles à moins cher donc sans faire trop de dépenses car une bouteille de 0,5 litre coute entre 100 franc et 200 franc congolais.

Selon toujours nos sources, il y a certains maris qui arrivent même à vendre les effets de la maison et les habits de leurs femmes pour trouver de l'argent ou même qui font des échanges des leurs biens pour une ou deux bouteilles de ces boissons.

En posant la question aux correspondants de FAF sur les types de boissons qui sont consommées dans leurs milieux, ces derniers ont évoqué différents nom des boissons qui sont fabriquées et consommées fréquemment.

A Kabare par exemple, les boissons prises sont Kahogojo, Kanyanga, Muhama, Lungwila, Vinquence.

A Mwenga les boissons très consommées sont le vin de palme, Simba et Kanyanga alors que dans le territoire de Kalehe on consomme le Kanyanga, Lutuku, Kasiksi et la boisson appelée Kafanya mbio qui veut dire « vite fait » en français.

A Uvira aussi on consomme les boissons Wanzuki, kasiksi, Kitoko, Kobana et Kanyanga pendant qu'à Idjwi on consomme Boa, BT, Ntole, Sinzi Uwani et kasiksi.

La ville de Bukavu n'est pas épargnée car les boissons comme Simba Waragi, Kasiksi, Kanyanga et d'autres appelées Sapilo sont consommées excessivement surtout dans des quartiers populaires ou l'on peut bien identifier les maisons qui vendent ces boissons.

Des conséquences en résultent

Le système FAF a réceptionné plus de cinquante messages des personnes qui ont réagi sur cette thématique et qui ont évoqué plusieurs conséquences qui se produisent lorsque le mari vit dans l'état permanent d'ivresse.

Sur le plan social, il est affirmé que la femme perd son estime dans la communauté étant donné qu'elle est souvent humiliée et tabassée par son mari. L'éducation des enfants est aussi en danger car ils vivent des mauvais exemples de leurs papas.

Economiquement aussi, les maris laissent trop de charges de la famille à la femme qui s'occupe du champ, de vendre les produits champêtres, d'éduquer les enfants, chercher à manger, payer les études des enfants, ... la misère de la famille s'accentue car le mari en s'enivrant tous les jours dilapide l'argent de la famille.

Et psychologiquement, la femme vit dans un stress permanent avec des blessures intérieures et par la suite développe des maladies.

Dans la vie du couple, l'amour, le respect, l'affection et le désir de l'autre s'effacent petit à petit jusqu'à ce que le mariage perde même son vrai sens.

Francis KASIMU formateur à l'organisation non gouvernementale Living Peace indique qu'en écoutant certains hommes alcooliques, ces derniers disent qu'ils se réfugient dans l'alcool pour plusieurs raisons. C'est notamment le chômage, les déceptions de la vie, les problèmes familiaux, ...

Selon lui, une fois on se retrouve dans cette situation il est difficile de reculer si l'on ne passe pas par des séances de désintoxication ou voir des psychothérapeutes car c'est le moral qui est détruit.

« La femme doit y aller par des conseils en montrant à son mari les dangers qui les guettent dans l'avenir juste au début quand le mari commence à boire et la situation n'est pas encore compliquée. Car l'homme et la femme doivent se soutenir et si la femme néglige cet aspect, plus tard elle va faire face une situation qui a dégénérée et c'est elle et ses enfants qui en sortiront des victimes » martèle Yvette MUSHIGO membre de la rédaction Femme au fone.

« Un mari qui aime sa famille la fait passer en premier lieu et laisse ses intérêt égoïstes derrières car un mari peut boire d'une manière modérée parce qu'on ne peut pas dire que tous les maris qui boivent sont irresponsables, mais quand celui-ci commence à poser des actes irresponsables et détruit sa famille, là ca devient grave et donc un homme doit tout faire pour garder l'harmonie dans son foyer » indique pour sa part le conseiller des couples Emile BATUMIKE au cours de l'émission FAF.

La prise excessive de l'alcool non seulement met la femme dans une insécurité mais aussi détruit la vie de l'homme sur le plan social et sanitaire, d'où la nécessité de se protéger, de protéger sa famille et préserver son estime.

Raïssa KASONGO, Femme au fone

[1] Bralima : anciennement connue sous le nom de « Brasserie de Léopoldville » ou « Brasserie Léo », est une entreprise brassicole établie à Kinshasa, en République démocratique du Congo et qui a un siège à Bukavu dans la province du Sud Kivu. Elle produit de la bière et du soda