L’économie de la femme vendeuse en danger à cause des taxes

Les femmes se demandent: quelle contrepartie après avoir payé les taxes?

16-07-2014 11:16:40

Au sud Kivu, la province de l'Est de la République Démocratique du Congo, les femmes vendeuses aux villages s'indignent des taxes qu'elles payent tous les jours des marchés, estimant que c'est trop pour elles et cela sans contrepartie.

Elles s'indignent du fait que ces taxes sont perçues mais ces dernières n'ont pas des toilettes aux marchés, des toitures pour les protéger contre la pluie et des tables pour étaler leurs marchandises et sont obligées de les étaler à même le sol avec toute la poussière possible. Ceci pour dire qu'elles dénoncent qu'il n'y a pas de contrepartie aux taxes.

Dans le système SMS de Femme au Fone, il a été question de savoir combien des taxes les femmes vendeuses payent aux marché dans les territoires et à quoi ces taxes leurs sont bénéfiques dans leurs activités du marché.

Le système a réceptionné au total quatre-vingt-dix messages en provenance des femmes de la base qui parlent des problèmes qu'elles connaissent aux marchés en rapport avec la perception des taxes.

Après plusieurs messages en provenance des femmes vendeuses dans le territoire Walungu, Femme au Fone a réalisé un reportage sur terrain et ces dernières ont évoqué multiples préoccupations en rapport toujours avec cette perception des taxes.

Les taxes à Walungu

A Walungu, les femmes payent la taxe de la chefferie selon leurs marchandises. A titre d'exemple les vendeuses des produits vivriers payent 500 francs congolais (FC) par jour, pour les vendeuses des légumes 250 francs congolais, 2000FC pour des produits manufacturés.

A part ces taxes pour étalages, elles payent également 250FC chacun par mois pour le comité du marché et 200FC pour les militaires. Pour ces femmes qui n'ont que le commerce comme occupation trouvent ces taxes trop pour elles.

A Kabare par contre, les vendeuses aux marchés indiquent qu'elles payent multiples taxes. C'est entre autre la taxe de la chefferie, celle du territoire, la taxe du groupement, celle du comité des marchés.

En plus de cela, les femmes renseignent qu'elles payent également la taxe pour la survie des militaires et d'autres services de la place en précisant que nombreuses de ces taxes sont perçues sans même la quittance.

« Les femmes vendeuses du territoire de Kabare payent chaque jour du marché 200FC pour la taxe et 200FC pour la survie des militaires sans la quittance » dit un SMS d'un auditeur de FAF à Kabare.

Un autre correspondant de Femme au Fone à Fizi centre écrit : « les femmes payent 1000FC chaque samedi et d'autres taxes qu'on ne sait même pas parce qu'il n'y a aucune quittance de l'Etat pour les différencier ».

A part Walungu et Kabare, le système SMS Femme au Fone a également réceptionné des messages en provenance du territoire de Kalehe, de Fizi, de Shabunda, de Mwenga, d'Idjwi et de la ville de Bukavu.

Partout dans ces territoires, les femmes vendeuses dénoncent le fait qu'elles sont même tracassées par des taxateurs qui saisissent leurs marchandises une fois que ces femmes n'ont pas payé ou si elles résistent.

Elles indiquent que les taxateurs leurs demandent de payer la taxe sans donner de quittance ou tout autre document qui prouve la paie, même le jour qu'il n'y a pas marché.

Elles dénoncent l'abandon des structures des marchés. Dans a plupart des cas ils ne sont pas complètement construits, ils n'ont pas des toilettes, pas des toitures, elles vendent avec tous des risques à cause des intempéries telles que les poussières, le soleil et les pluies.

Bref, les femmes dénoncent qu'il n'existe pas de contrepartie en rapport avec les taxes perçues aux marchés alors que ces taxes constituent 90% des recettes dans le budget participatif qui est destiné à réaliser des projets prioritaires votés par la population du milieu. Ceci « parce qu'il n'existe aucune autre mobilisation des recettes à part la perception des taxes », indique le président de la société civile sous noyau de Burhale Remy BIRINDWA.

Le président de la société civile sous noyau de Burhale avec le porte-parole et conseillé juridique de la nouvelle dynamique de la société civile au sud Kivu (NDSCI en sigle) Pascal MUPENDA, condamnent avec fermeté cette « magouille des autorités et des militaires qui cherchent à escroquer les vendeuses dans des marchés ».

Ils demandent aux vendeuses de payer leurs taxes tout en exigeant aussi des quittances et des contreparties selon les projets qu'elles trouvent prioritaires dans l'exercice de leurs activités.

Ils demandent également aux autorités de faire bon usage des taxes des vendeurs aux marchés et se sont engagés de faire de suivi des projets qui ont été réalisés chaque fois qu'un autre budget participatif sera voté.

« Ce n'est pas parce que les choses vont mal qu'on doit baisser les bras et habituer les gens à se taire, les choses doivent changer et nos autorités doivent comprendre que quand nous exigeons des contreparties en rapport avec les taxes perçues que cela n'est pas une faveur mais plutôt un droit » conclut Pascal MUPENDA de la structure citoyenne NDSCI.

Raïssa KASONGO, Femme au Fone